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« Fbladi delmouni », ou le symbole d’un mécontentement populaire

« Fbladi delmouni » est un chant des supporters du club de football casaoui « Raja Athletic Club » qui a fait surface sur les réseaux sociaux au mois d’avril et a depuis fait le buzz, de nombreuses vidéos de supporters reprenant le chant ayant été relayées sur Youtube.

Ce chant contestataire, dont la tradition existe depuis longtemps chez les supporters casablancais, est symptomatique du mal-être d’une génération déçue par les responsables et les autorités, désœuvrée car sa passion n’a pas su être contenue et canalisée par des structures sportives suffisamment performantes et dont les comportements dans les gradins et autour des stades sont sévèrement réprimandés.

L’argent qui aurait pu être investi pour former des sportifs passionnés rayonnant dans le monde n’a, d’après ces paroles, été dépensé que pour « vendre le pays aux étrangers ». Une génération aurait ainsi été subjuguée par l’appât du gain du pouvoir.

Le chant se conclut par une ultime désolation des supporters qui n’en peuvent plus de répéter chaque jour la même diatribe, et se sentent incompris, avant de céder aux larmes et de s’en remettre à Dieu, leur unique salut.

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Au mois d’octobre 2018, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a commencé la mise en œuvre, avec le ministère de l’Economie et des Finances, de l’Intérieur, le Fonds d’Equipement Communal et les Conseils provinciaux concernés, un programme national de construction de 832 complexes socio-sportifs de proximité d’un budget d’environ 600 millions de dirhams.

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Gabriel Kahane – Book of Travelers

Le lendemain de l’élection présidentielle de 2016, Gabriel Kahane embarqua dans l’Amtrak’s Lake Shore Limited pour se rendre à Chicago. Au cours des treize jours correspondant à son voyage, le chanteur et auteur-compositeur a rencontré des dizaines de personnes avec qui, il a pu échanger, converser, principalement au cœur des wagons-restaurants dans les six trains à bord desquels il a pu parcourir 15 000 kilomètres à travers le pays.

« Les trains d’Amérique sont la route vers une empathie radicale »

Le 6 novembre 2016, le musicien a senti ce besoin de s’éloigner du monde digital, et a décidé, que peu importe le dénouement de cette élection,il allait mettre les voiles le lendemain, laisser son téléphone portable et internet à la maison, et se limiter au dialogue avec des étrangers. Les « Dining cars » furent pour lui un endroit de proximité sociale où l’on se confrontait à des êtres avec lesquels aucun contact ne pouvait être créé dans une vie ordinaire, ou sur un plan numérique. Le chanteur affirme, qu’à  force d’avoir les yeux rivés sur nos écrans, nous ne trouvons plus le temps de penser aux expériences de l’autre, de s’interroger « Cela ferait quoi d’être dans le corps d’un autre ? », conséquence d’un énorme manque d’espace de réflexion.

Les chansons de cet album se révèlent être un journal de bord illustrant ce voyage et un portrait de l’Amérique à une époque de profonde turbulence nationale. En s’inspirant des émotions que transpiraient  son entourage sur le chemin qu’il a entrepris, Kahane écrivit des chansons touchantes et révélatrices d’un pays allant à la dérive.

J’écoute cet album, guidée par les murmures de cet artiste et d’un piano envoutant qui les habille, puis je me demande aujourd’hui, si cela ne nous ferait pas un immense bien, de prendre Gabriel Kahane comme exemple et entreprendre un voyage similaire, ici, au Maroc. Nous n’en produirons peut-être pas une œuvre musicale, mais nos êtres n’en seront que plus conscients dans un sens, peut-être serions-nous plus clairvoyants sur notre situation socio-politique actuelle, plus inspirés, ou poètes.

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أغاني الاتراس

 Séquence شناهوا داكشي اللي كي تغنا فالتيران واش عندو تاريخ واش منضم منين جا ؟ هادشي اللي كانحاولو نشرحو فهاد العدد الأول من

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الروك كي موت

لكاسيطا رجعات و بحلة جديدة. المحتوى غادي يتبدل و المواضيع اللي غادي ناقشو حتى هما، كيفما شحال هادي غادي نوصلو ليكم اخبار الموسيقى فالعالم و في المغرب الفرق هو ان لكاسيطا فالحلة الجديدة غادي تكون مركزة على الفيديو
اكثر و بالدارجة ديالنا باش نوصلو الميساج لاكبر عدد من الناس. #لكاسيطا #صوت و #صور

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Jimmy Cliff à Mawazine : Reggae Night

Fort de ses trentaines d’albums et de près de 50 ans de carrière, Jimmy Cliff est sans aucun doute une figure emblématique du reggae. C’est donc avec beaucoup de panache que l’OLM Souissi revêtait des couleurs exclusivement jamaïquaines pour accueillir ce grand artiste. Lcassetta y était encore une fois, Chronique ! 

Dès son entrée sur scène, la scène OLM Souissi replongeait en plein années 60s et la tenue exubérante grise et orange fluo de Jimmy n’y était surement pas pour rien. Il salua un public fait surtout de connaisseurs et entama ce qui sera une longue nuit de Reggae.

Jimmy Cliff est l’une des rares figures de reggae qui a pu se conserver avec l’âge, grâce notamment à une hygiène de vie irréprochable. Cela s’est remarqué tout le long du concert avec un Jimmy Cliff, plein d’énergie, tantôt esquissant des pas de danse dont lui seul a le secret, tantôt communiquant son histoire personnelle avec le public, créant ainsi une certaine intimité avec l’assistance.

Sans suprise, Jimmy Cliff a chanté des titres de son nouvel album Rebirth, mais c’est certainement les titres l’ayant fait connaitre sur la scène mondiale qui ont eu le plus de succès. Wonderful World Beautiful PeopleI can see clearly now ou encore Many rivers to cross ont été largement repris par le public, poussé par Jimmy qui n’hésitait pas à l’incitait à faire des pas de danse, ou à reprendre le refrain avec lui. Avant cela, on a eu droit à Ruby Soho, une surprenante reprise ska du groupe punk rock Rancid, immédiatement suivi par la suite par une reprise Reggae d’un titre de Cat stevens. Il s’agissait de Wild World, sorti en 1970, et qui a été largement repris de façon émouvante par un public connaisseur.

Il est à noter que cette soirée passée en compagnie de Jimmy Cliff n’était pas qu’un simple concert, c’était aussi un voyage culturel au coeur de la Jamaique et au coeur du Reggae. Jimmy Cliff nous parlera donc du ska, genre qui donnera naissance au Reggae que l’on connait, allant même jusqu’à nous montrer comment il était dansé à l’époque, provoquant l’hilarité de l’assistance. Il nous parlera de sa naissance dans les Hills, là où l’air est pur, la nature saine et les gens de très bon coeur. Tout le contraire de sa vision du monde actuellement. Il entamera ainsi Save Our Planet Earth, un signal d’alarme pour la sauvegarde des forêts et des animaux, un hymne appelant à sauver cette planète souffrant en silence de notre présence saprophyte.

Il s’en suivit un autre appel, contre la guerre cette fois, avec Vietnam, hymne anti-guerrier des années 70. Sauf que Jimmy Cliff a choisi de rendre sa chanson d’actualité en scandant Afghanistan et en faisant plusieurs fois allusion à des conflits de part le monde notamment en Syrie et au soudan, nous mettant en plein dans l’ambiance d’un meeting anti-war des années hippies. Le public était comblé avec Hakuna Matata, très popularisé par un certain Roi Lion, mais Jimmy Cliff finissait de l’enchanter avec Rivers of Babylon entièrement joué avec des tam-tams.

Il allait s’éclipser pour un moment, avant de revenir chanter Reggae Night, titre qui représente pour moi le symbole de cette paisible et féerique soirée reggae. Mais ça ne s’arrêtait pas là, car Jimmy Cliff allait sortir pour revenir encore une fois sous l’insistance du public. Il se couvrit du drapeau marocain et entama une dernière. One More était justement ce que réclamait le public, une de plus pour cet homme humble, plein de vie et qui a été très apprécié par les présents à l’OLM Souissi.

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Azam Ali & NiYAZ à Mawazine : envoûtant

A Chellah, loin des grandes scènes d’OLM Souissi et Ennahda se déroule un autre Mawazine. Un Mawazine plus porté vers la découverte de l’essence même de la musique grâce à une scène proche du public, permettant un échange constant entre ce dernier et l’artiste. Azam Ali & NiYAZ, groupe mélant traditions musicales turco-perses et sonorités électro, était l’invité de marque de ce haut-lieu d’histoire. Chronique !

Émouvant concert que celui de Azam Ali & Niyaz au Chellah hier, tant par  la voix velours et imploratrice de la splendide Azam Ali que par la performance de Niyaz avec Loga Ramin Torkian multi-instrumentiste de renom sachant combiner des classiques de la musique perse avec ses compositions modernes, Carmen Rizzo artiste et producteur éclectique de musique electronique lui ayant valu 2 nominations aux Grammy Awards pour ses participations très remarqués dans des films hollywoodiens et enfin Habiboo Boushehri, percussionniste de talent.

Tout le long du concert, Azam Ali & NiYAZ se fera un plaisir d’interpréter des chansons folk surtout iraniennes mais également d’autres pays du moyen-orient, que ce soit en farssi, turc ou arabe. La plupart des titres est tiré de leur dernier album Sumud, dont Azam Ali dira qu’il représente un message contre l’injustice et l’oppression de groupes minoritaires, mais également un hommage universel à la diversité spirituelle, à la liberté et dignité pour tous.

Au fil des chansons, la voix hypnotisante d’Azam Ali et le son tant intriguant qu’harmonieux de Niyaz, couplé à un cadre aussi chargé d’histoire que Chellah, nous faisait allègrement rêver. On se sentait soudain transportés en Persie ancienne, du temps de Zyriab, Avicenne ou Jalaluddine Rumi, les effluves d’Ispahan nous titillant les narines. C’est d’ailleurs sur les écrits du dernier cité, grand poète et mystique soufi, que Niyaz se sont inspirés pour certains de leurs titres.

Rayat Al Sumud, titre issu de leur dernier album et ayant été composé par le joueur de luth palestinien de Niyaz qui n’a malheureusement pas pu faire le déplacement, a vu Azam Ali chanter dans un excellent arabe. Elle a chanté la souffrance et le tourment quotidien du peuple palestinien, elle qui a eu une jeunesse très mouvementée entre la révolution iranienne, sa séparation précoce de sa mère et son expatriation en Inde puis aux Etats-Unis.

Le temps est vite passé en compagnie de ce groupe des plus novateurs sur la scène world music et c’est avec quelque peu d’amertume que l’on apprit qu’ils allaient interpréter leur dernier titre. Azam Ali présenta son groupe puis exprima toute sa gratitude envers le public et la pays qui l’a accueillit, n’omettant pas d’accorder une mention spéciale à l’hospitalité et surtout la gastronomie marocaine.

Pari largement réussi donc pour Azam Ali & NiYAZ qui ont su à tous les instants offrir au public un mélange transcendant de sons acoustiques empruntées à la traditionnelle musique moyen-orientaliste, adroitement mariés à quelques sonorités électroniques. On notera également la sympathie et la convivialité des membres du groupe qui ont joyeusement échangé quelques mots avec leurs fans à la fin du concert.

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Ibrahim Maalouf à Mawazine : voyage dans les rues de Beyrouth

L’intimité d’une salle obscure, fut-elle grande comme le théâtre Mohamed V, est sans doute plus propice à l’immersion dans l’œuvre d’un artiste qu’une immense scène comme celle de l’OLM Souissi. Le concert qu’a offert hier Ibrahim Maalouf aux spectateurs d’un théâtre Mohamed V plein comme un œuf restera sans doute l’un des moments marquants de l’édition de Mawazine 2012, tant par l’originalité du jeune homme, sa sympathie, sa bonhomie, que par la virtuosité dont il fait montre avec sa trompette, cet instrument dont on a du mal à se douter qu’il puisse être à l’origine d’un concert complet.

C’est donc devant un public éberlué qu’Ibrahim Maalouf arrive… en jogging et pull à capuchon noir et baskets blanches. Et de commencer immédiatement le concert par un morceau dynamique, Speed Dating, pour faire connaissance en vitesse avec chacun des 5 musiciens qui l’accompagnaient, chacun ayant son propre solo et quelques instants pour nous montrer leur virtuosité. A la fin de ce morceau vif, percutant, où chacun a pu apprécier à sa juste mesure le talent du groupe, Ibrahim Maalouf parle au public pendant quelques instants. Quelques instants où il se décrit comme « obsessionnel ». Et où il nous annonce qu’il jouera un morceau appelé Obsession puis un autre morceau, Schizophrénie. Le premier titre, d’une beauté incontestable, mais phénoménalement angoissant, aux tonalités graves, composé d’un unique motif musical, qui revient en boucle, à la manière d’un Boléro de Ravel, conjugué à une ambiance de scène d’un rouge infernal, coupe le souffle de la salle, la laisse estomaquée face à la puissance de ce qui vient d’être joué face à elle.

La suite du spectacle fut beaucoup plus légère, l’artiste interagissant régulièrement et de façon très détendue avec le public. C’est ainsi que, pendant 10 longues minutes, il nous expliqua la raison pour laquelle il jouait en jogging, tout en nous demandant de ne pas trop nous en formaliser : en préparant sa tournée, dans sa chambre, en pyjama, il s’est dit qu’il devait être sympathique de jouer un concert en pyjama. Dont acte. Et pour ne pas couper la dynamique du concert, il clapotait en même temps sur son clavier la mélodie de Will Soon be a Woman, une ballade jazzy, légère, amoureuse, qu’il nous a invité à partager avec lui. Le public ne s’est pas fait prier et entonne donc à plein poumons la mélodie après Ibrahim Maalouf.

En écoutant Schizophrénie, un morceau où Maalouf (l’on est tentés de l’appeler Ibrahim, tant il s’est rapproché du public), se répond à lui-même, dans une schizophrénie musicale, mais aussi scénique, l’esprit qui vagabonde un peu se laissera tenter par une interprétation extensive de ce morceau. Après tout, un artiste libanais, neveu d’Amin Maalouf, cet écrivain de génie qui a tant écrit sur la multiplicité des identités, au moment même où le Liban est plongé dans un mini-chaos, tous les ingrédients sont réunis pour que ce morceau soit un concentré de Liban, ce pays de contradictions et de paradoxes, où la schizophrénie identitaire atteint des sommets inégalés. Mais à peine à-t-on le temps de s’engouffrer dans cette pensée qu’Ibrahim Maalouf fera l’une des choses les plus belles qui puissent être données à un public arabe. Il rendra un hommage vibrant à Warda Al Jazairia, en reprenant, avec ses musiciens, la mélodie de Bitwaness Bik, et en laissant au public le soin de la chanter, en chœur, avec l’émotion de ceux qui viennent de perdre un être cher. Un geste d’une rare élégance.

Mais, et alors que tout le concert s’était déroulé dans une atmosphère joyeuse, enjouée, Ibrahim Maalouf nous prévient, le morceau qui allait suivre serait, selon ses propres mots, « le seul morceau sérieux du concert ». Il nous raconte alors l’histoire de la composition de ce qu’il convient d’appeler un chef d’œuvre. Il le compose à l’âge de 12 ans, dans les rues de Beyrouth, en 1993. Une ville qu’il visite pour la première fois, une ville encore meurtrie de 15 ans de guerre civile, aux ruines encore fumantes, où les impacts de balles font partie du mobilier urbain le plus commun. C’est au détour d’une rue qu’il aperçoit « ce qu’un enfant de 12 ans ne devrait jamais voir ». Beirut, pièce longue d’une bonne douzaine de minutes, prend la forme d’une balade dans Beyrouth, et nous raconte l’histoire de ce qu’y a vécu Ibrahim. Et il suffit de fermer les yeux, le temps du morceau, pour y être transporté, jusqu’à la découverte, en même temps que le jeune garçon de 12 ans, de cette scène qu’il n’aurait jamais du voir. C’est le clou du spectacle, le groupe récolte une standing ovation de plusieurs minutes, plusieurs personnes iront aux larmes, le public en veut plus. Il réclame Hachich (Treyfa, dira un membre du public). Le quintette s’exécute, puis tire sa révérence. Un régal.

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Scorpions : a hurricane all over Rabat

Le concert du groupe emblématique d’Hanovre, Scorpions, était sans doute le rendez-vous le plus attendu de cette édition 2012 de Mawazine. Pour un festival qui n’a pas l’habitude d’accueillir des groupes de rock, et a fortiori de heavy metal, le pari de Scorpions pouvait se révéler osé. Force est de constater qu’il a été relevé avec brio, tant par le groupe, qui nous livra une performance extraordinaire, que par un public extraordinairement nombreux, mais, au-delà, en parfaite communion avec le groupe.

Le groupe commence le concert par un long instrumental, sur-vitaminé, déjanté, explosif, dans la plus pure tradition du hard rock, ponctué de solos de guitare nerveux et de passages de batteries énergiques. Après cette mise en bouche des plus alléchantes, où l’on peut voir que malgré les années qui passent, la formation de Klaus Meine est toujours aussi débordante d’énergie, le groupe va embrayer sur un titre de leur nouvel album, Sting In The Tail, un morceau court, tout aussi énergique et nerveux. C’est que le groupe semble avoir décidé de nous offrir un concert de haute volée, puissant vocalement et instrumentalement, et de pousser les décibels jusqu’à la limite de l’humainement encaissable.

Mais c’est la volée de chansons qui suit qui verra le public commencer à communier avec le groupe, voire à entrer en transe pour certains. Le groupe va en effet enchaîner trois de ses tubes des années fastes : Tout d’abord, un Make It Realrepris et entonné par un public de connaisseurs, qui aura pris plaisir à constater que les années n’ont rien entamé de la capacité vocale de Klaus Meine, ni de la virtuosité de Rudolf Schenker et Matthias Jabs, qui nous ont régalé tout le long du concert de leurs solos uniques en leur genre. C’est ensuite sur Is There Anybody There que va enchainer le groupe, mais surtout sur The Zoo, chanson mythique du groupe, où l’utilisation de la Talkbox de Jabs aura sur le public l’effet escompté.

Surtout, le groupe portera une attention particulière à ne jamais se couper du public, produisant dès lors l’un des concerts les plus interactifs du festival. La scène ayant été augmentée d’un podium pénétrant la foule, les membres du groupes feront sans cesse des allers retours jusqu’à s’approcher à quelques dizaines de centimètres d’un public chauffé à blanc, ponctuant la fin des chansons de « Shûkran » ou de « Come on Rabat ! ». Et dès le début du concert, Klaus Meine ira jeter plusieurs des baguettes du batteur, James Kottak, qui disposait visiblement d’une réserve suffisante pour contenter beaucoup de monde. Le groupe, tout le concert durant, ne fera pas l’économie de ses efforts ni de ses sourires, étonnés, face à un public passionné.

En effet, les titres étaient pour la plupart entonnés en chœur par le public, et pas seulement le refrain. Et à la façon d’un Freddy Mercury, Klaus Meine, jouera avec le public, lui donnant quelques lignes à répéter avec lui, à la fin du tube The Best Is Yet To Come. La chanson, immédiatement suivie d’un des autres grands succès du groupe, Send Me An Angel, restera l’un des moments de la soirée, tant elle a été suivie par la foule immense qui composait le public, plusieurs dizaines de milliers de personnes. La deuxième partie du concert sera résolument rock’n’roll, le groupe partant explorer les profondeurs du hard rock, gras, puissant, déstructuré, voire destructeur lorsque Matthias Jabs aura l’idée de jouer les notes les plus graves de sa guitare, moment unique où l’on sentait la musique en soi, tant notre corps a vibré, obligeant même certaines personnes à se boucher les oreilles pour arrêter de trembler. Car vu la sono de Mawazine, c’est à un véritable raz-de-marée sonore que l’on a assisté pendant ces minutes.

Une énergie que l’on a également pu voir chez James Kottak, le batteur du groupe, une bête de scène, qui nous gratifiera d’un long, long, long solo de batterie, surpuissant, sans concessions, Kottack Attack, tenant le public en haleine, l’haleine de la fin d’un concert pour lequel il ne restait plus que quelques chansons, et, tout le monde le sentait, pas des moindres. La montée en régime amorcée depuis quelques dizaines de minutes touche à sa fin, et à la fin de Big City Nights, tout le monde sent bien que LE moment est venu. Celui que tout le monde attendait, les fans comme les néophytes. Le groupe s’éclipse un moment. Le public crie leur nom, en boucle, de plus en plus fort. Et finalement…

Klaus Meine revient drapé dans un drapeau marocain, et la chanson sans doute la plus légendaire du groupe, celle qui a fait danser depuis des dizaines d’années tant de couples, qui fut témoin des amours de tant et tant de personnes, de part le monde, un hymne sur lequel le temps n’a aucune prise : Still Loving You. Mais c’est sans doute l’autre chanson de légende du groupe qui était le plus attendue par le public de l’OLM Souissi. Plus d’un an et demi après le « printemps arabe », alors que beaucoup portent encore en eux les espoirs d’un Maroc meilleur, d’un changement pour le mieux, quel plus beau symbole que de chanter Wind Of Change, chanson écrite en 1989 à l’occasion de la chute du mur de Berlin, symbole de l’oppression soviétique, et de la chanter à Rabat, en plein monde arabe ? Cette chanson, le public l’a attendue et l’a fait sienne, des drapeaux syriens se sont levés dans la foule, les plus âgés comme les plus jeunes l’ont chanté, privant presque Klaus Meine de son rôle de chanteur. Et pour conclure, une dernière chanson de légende, un riff connu de tous, Rock you like a hurricane. Et c’est bien ce qu’ont fait hier Scorpions à Rabat, pour leur dernière tournée, celle qui sonne la fin de la carrière d’un groupe de légende. They rocked like hurricanes.

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Lenny Kravitz à Mawazine, spontané et déroutant !

L’OLM Souissi, ayant accueilli Scorpions pour ce qui restera comme le point d’orgue de cette 11ème édition de Mawazine, abritait un autre poids lourd hier, avec le 1er concert en terre arabe de Lenny Kravitz, multi-instrumentiste de talent et 4 fois lauréat des Grammy Awards de la “Meilleure Performance Rock Masculine”. Chronique !

Une chose est sure, Scorpions ont mis la barre très haute jeudi soir, puisant dans le fond de leur répertoire enraciné dans le Hard Rock. Lenny Kravitz avait donc l’ardue mission de les supplanter et de faire vivre un public certes moins nombreux que la veille, mais tout aussi enthousiaste de voir ce talentueux new-yorkais de naissance monter sur scène. Car Lenny Kravitz est un musicien complet, aussi habile par ses capacités vocales que par l’armada d’instruments qu’il sait jouer. Entre guitare, basse, clavier ou encore percussions, il est l’un des rares artistes à pouvoir s’enorgueillir d’enregistrer quasi-seul ses albums.

C’est avec une dizaine de minutes de retard que Lenny se présenta sur scène, rejoint par l’ensemble de son groupe. Et là, première grosse surprise de la soirée, je découvrais que la bassiste n’était autre que Gail Ann Dorsey, mondialement reconnue comme l’une des bassistes les plus confirmés, elle qui accompagne notamment David Bowie depuis une quinzaine d’années dans ses tournées internationales. Dès lors, la soirée s’annonçait de feu ! Et c’est ce que le new-yorkais s’empressait de confirmer avec 3 titres qui allaient enflammer le public. En effet, Come On Get ItAlways On The Run et surtout American Woman, reprise de The Guess Who, donnaient un premier aperçu de cette soirée et confirmaient que Lenny Kravitz allait tout donner pour satisfaire le public.

“I finally made it” c’est avec ces mots que Lenny Kravitz nous parla. Il n’avait passé que 2 jours au Maroc, mais c’était suffisant pour confirmer tout le bien qu’il pensait de cette terre “magique”, selon ses propres mots. “It’s about a  connection” car Lenny était surtout là pour voir son public marocain, pour se connecter avec lui et ainsi casser cette frontière qui sépare souvent l’artiste et son public. Et la musique repartit, avec cette fois It ain’t over till it’s over, une ballade douce en mid-tempo issu de My Mama Said, album qui faisait partie de ses premiers succès. Cab Driver, dont une partie du public se fit un plaisir de scander l’aisé refrain, a vu un Lenny Kravitz détendu, à l’aise sur scène, se baladant parmi ses musiciens et saluant le public. Parfait timing pour lancer un sacré solo du trompettiste qui allait introduire Black & White America, chanson retraçant l’histoire personnelle de Lenny, en commençant par ses origines métissées, son père étant blanc et sa mère afro-américaine, puis par la jeunesse de notre new-yorkais.

Fields of Joy commence avec un tempo lent. Celui ci laissera rapidement place au saxophoniste, cette fois, pour un solo haletant, avant de s’estomper pour revenir à un rythme encore une fois ralenti et ainsi passer sans transition à Stand By My Woman. Ce dernier, titre un brin romantique, sera encore une fois l’occasion de voir l’étendu du talent du trompettiste, saxophoniste et tromboniste dont il faudra saluer l’excellente prestation. Believe et Stand faisaient quelque peu refroidir le public par leur tempo lent, chose que rectifia Lenny Kravitz en lançant Rock Star City Life. C’est là qu’on sentit qu’on était bien dans le vif du sujet, Lenny laissant la vedette à son guitariste, Craig Ross qui nous livra un solo de haute volée. Where Are We Runnin’ vit Lenny occupait le piano pour un petit aperçu de son talent de clavetiste, laissant au public le soin de reprendre le refrain.

Vint le moment que j’attendais tout le long de la soirée. Sur Fly Away, Gail Ann Dorsey prit enfin la vedette pour ainsi confirmer l’immense talent qu’on lui connaissait. Avec Are You Gonna Go My way, Lenny Kravitz livre encore une fois la scène à son groupe, pour un solo collectif, où chacun des musiciens présents sur scène se fit une joie de donner un récital de son instrument. Lenny s’éclipsa quelques minutes puis revint nous introduire à son groupe pour entamer Let Love Rule, si attendu des connaisseurs et qui allait durer une bonne trentaine de minutes. Et là, à la surprise générale, Lenny Kravitz fit ce que jamais un artiste n’avait fait auparavant à Mawazine. Il descendit pour un bain de foule pour ainsi entrer directement en symbiose avec le public comme il l’a promis au début de son concert. Déroutant !

Nous noterons à la fin la prestation remarquable de Lenny Kravitz et ses musiciens qui ont fait un sans faute et ont su littéralement entré en communion avec le public en leur communiquant leur énergie. La réception, par contre, n’était parfois pas à la hauteur et la mention légèrement défavorable va donc à une partie du public qui, malgré le fait qu’elle ait paru énormément apprécier le concert de Lenny, a quelque peu réagi mollement devant les incessants encouragements de ce dernier à les faire participer dans le show.

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Mariah Carey à Mawazine : une nuisance sonore

Pour une clôture en apothéose de cette 11ème édition du Festival Mawazine, les organisateurs ont choisi de tabler sur un gros nom du R&B. Assurément, Mariah Carey, star mondiale du R&B depuis près de 2 décennies, avait la scène et le public d’OLM Souissi à ses pieds avant le début du concert. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a joliment failli à sa tâche. Chronique d’un calvaire !

Le public est venu très nombreux ce soir avec l’espoir de voir Mariah Carey se produire live devant eux, pour ainsi découvrir sa voix si extraordinaire, d’avoir des frissons à chacune de ses chansons et surtout de ressentir des sentiments qu’on disait Mariah Carey si apte à partager dans ses lives. Il ne fut rien de cela.

Le concert démarrait de bien mauvaise manière, principalement du au fait que le public a subi une attente de près d’1h30. C’est donc dans un concert de sifflements que les musiciens se présentèrent sur scène. Une scène surréaliste précédât l’entrée de Mariah Carey, avec ce qui a semblé comme un groupe de Aissawa dansant de façon incohérente avec les danseurs de la star du jour. Cette dernière fit enfin son entrée dans une tenue légère et entama Emotions, l’un de ses premièrs succès des années 90. Sauf que d’émotions, il n’y eut point. On se disait en ce moment, que le concert ne faisait que commencer et qu’il y aurait une plus grande richesse de couleurs par la suite. Elle interpréta It’s like that, chanson dansante qui allait quelque peu faire bouger le public, toutefois on garde surtout à l’esprit une impression de playback, car cette dernière a souvent lancé ses tubes en fond pour ne chanter elle même que certaines parties. Elle n’arrivait donc pas à mettre le feu au public.

Shake it et Obsessed confirmaient notre première impression avec des titres bien que légers et rythmés mais on sentait une Mariah Carey qui ne donnait pas vraiment coeur à l’ouvrage. Il furent ennuyeux, la mère des jumeaux Moroccan et Monroe n’arrivant pas à nous communiquer une quelconque énergie. Elle partit dans un long monologue, parlant certes de son amour et attachement pour le Maroc, mais n’essayant pas vraiment d’avoir un dialogue avec le public, chose essentielle pour le succès d’un concert sur une scène aussi géante. Dommage !

Mariah Carey s’éclipse, pour ce qui semble être une pause pipi, et c’est Trey Lorenz qui arrive enfin à mettre un peu d’ambiance au public avec I’ll Be There, généreux hommage aux Jackson Five. Une belle romance et un joli hommage qui a certes ravi le public, mais celui-ci n’était présent que pour voir Mariah Carey et c’est, non sans quelques huements par ci par là, qu’il la réclama. Elle revint dans une nouvelle robe et entama un long monologue, cette fois contrainte par un souci technique, confirmant si bien l’adage sur les femmes, ne manqua pas de noter une amie.

Elle sentit qu’elle était pratiquement la seule à se divertir sur scène et c’est donc avec un We gotta make it work people! qu’elle chanta Touch My Body. Sauf que non, la magie n’opéra pas. En cause, certains titres, dont ce dernier, ont été interprétés dans une version Jazz assez plate, provoquant la déception de beaucoup de ses fans qui s’attendaient plutôt à des versions plus vivantes. Certains iront jusqu’à dire qu’elle a détruit leur chanson favorite. Mariah Carey ne prit même pas le soin de présenter ses musiciens, laissant un des membres de son groupe le faire.

Il faudra attendre Hero pour enfin avoir un petit aperçu de la voix langoureuse et sensuelle qu’on lui connaissait. Le public a répondu présent cette fois, pour ce qui restera comme l’un des rares moments forts de la soirée. Sur le titre My All, un de ses plus fameux succès, on la vit s’allonger tranquillement sur un divan spécialement installé pour elle, pour nous gratifier d’une performance encore une fois moyenne.

Si les organisateurs du Festival Mawazine ont voulu frapper un grand coup en le clôturant avec Mariah Carey, je ne peux qu’avoir le sentiment qu’ils se sont cassés les dents. Je pars déçu de ce concert où j’étais venu apprécier la tendresse et la maestria de Mariah Carey. Sa performance, pour le moins insipide, laissera un gout amer à cette édition devant l’explosion musicale qu’on a eu auparavant grâce à Scorpions et Lenny Kravitz notamment.