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Jimmy Cliff à Mawazine : Reggae Night

Fort de ses trentaines d’albums et de près de 50 ans de carrière, Jimmy Cliff est sans aucun doute une figure emblématique du reggae. C’est donc avec beaucoup de panache que l’OLM Souissi revêtait des couleurs exclusivement jamaïquaines pour accueillir ce grand artiste. Lcassetta y était encore une fois, Chronique ! 

Dès son entrée sur scène, la scène OLM Souissi replongeait en plein années 60s et la tenue exubérante grise et orange fluo de Jimmy n’y était surement pas pour rien. Il salua un public fait surtout de connaisseurs et entama ce qui sera une longue nuit de Reggae.

Jimmy Cliff est l’une des rares figures de reggae qui a pu se conserver avec l’âge, grâce notamment à une hygiène de vie irréprochable. Cela s’est remarqué tout le long du concert avec un Jimmy Cliff, plein d’énergie, tantôt esquissant des pas de danse dont lui seul a le secret, tantôt communiquant son histoire personnelle avec le public, créant ainsi une certaine intimité avec l’assistance.

Sans suprise, Jimmy Cliff a chanté des titres de son nouvel album Rebirth, mais c’est certainement les titres l’ayant fait connaitre sur la scène mondiale qui ont eu le plus de succès. Wonderful World Beautiful PeopleI can see clearly now ou encore Many rivers to cross ont été largement repris par le public, poussé par Jimmy qui n’hésitait pas à l’incitait à faire des pas de danse, ou à reprendre le refrain avec lui. Avant cela, on a eu droit à Ruby Soho, une surprenante reprise ska du groupe punk rock Rancid, immédiatement suivi par la suite par une reprise Reggae d’un titre de Cat stevens. Il s’agissait de Wild World, sorti en 1970, et qui a été largement repris de façon émouvante par un public connaisseur.

Il est à noter que cette soirée passée en compagnie de Jimmy Cliff n’était pas qu’un simple concert, c’était aussi un voyage culturel au coeur de la Jamaique et au coeur du Reggae. Jimmy Cliff nous parlera donc du ska, genre qui donnera naissance au Reggae que l’on connait, allant même jusqu’à nous montrer comment il était dansé à l’époque, provoquant l’hilarité de l’assistance. Il nous parlera de sa naissance dans les Hills, là où l’air est pur, la nature saine et les gens de très bon coeur. Tout le contraire de sa vision du monde actuellement. Il entamera ainsi Save Our Planet Earth, un signal d’alarme pour la sauvegarde des forêts et des animaux, un hymne appelant à sauver cette planète souffrant en silence de notre présence saprophyte.

Il s’en suivit un autre appel, contre la guerre cette fois, avec Vietnam, hymne anti-guerrier des années 70. Sauf que Jimmy Cliff a choisi de rendre sa chanson d’actualité en scandant Afghanistan et en faisant plusieurs fois allusion à des conflits de part le monde notamment en Syrie et au soudan, nous mettant en plein dans l’ambiance d’un meeting anti-war des années hippies. Le public était comblé avec Hakuna Matata, très popularisé par un certain Roi Lion, mais Jimmy Cliff finissait de l’enchanter avec Rivers of Babylon entièrement joué avec des tam-tams.

Il allait s’éclipser pour un moment, avant de revenir chanter Reggae Night, titre qui représente pour moi le symbole de cette paisible et féerique soirée reggae. Mais ça ne s’arrêtait pas là, car Jimmy Cliff allait sortir pour revenir encore une fois sous l’insistance du public. Il se couvrit du drapeau marocain et entama une dernière. One More était justement ce que réclamait le public, une de plus pour cet homme humble, plein de vie et qui a été très apprécié par les présents à l’OLM Souissi.

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Azam Ali & NiYAZ à Mawazine : envoûtant

A Chellah, loin des grandes scènes d’OLM Souissi et Ennahda se déroule un autre Mawazine. Un Mawazine plus porté vers la découverte de l’essence même de la musique grâce à une scène proche du public, permettant un échange constant entre ce dernier et l’artiste. Azam Ali & NiYAZ, groupe mélant traditions musicales turco-perses et sonorités électro, était l’invité de marque de ce haut-lieu d’histoire. Chronique !

Émouvant concert que celui de Azam Ali & Niyaz au Chellah hier, tant par  la voix velours et imploratrice de la splendide Azam Ali que par la performance de Niyaz avec Loga Ramin Torkian multi-instrumentiste de renom sachant combiner des classiques de la musique perse avec ses compositions modernes, Carmen Rizzo artiste et producteur éclectique de musique electronique lui ayant valu 2 nominations aux Grammy Awards pour ses participations très remarqués dans des films hollywoodiens et enfin Habiboo Boushehri, percussionniste de talent.

Tout le long du concert, Azam Ali & NiYAZ se fera un plaisir d’interpréter des chansons folk surtout iraniennes mais également d’autres pays du moyen-orient, que ce soit en farssi, turc ou arabe. La plupart des titres est tiré de leur dernier album Sumud, dont Azam Ali dira qu’il représente un message contre l’injustice et l’oppression de groupes minoritaires, mais également un hommage universel à la diversité spirituelle, à la liberté et dignité pour tous.

Au fil des chansons, la voix hypnotisante d’Azam Ali et le son tant intriguant qu’harmonieux de Niyaz, couplé à un cadre aussi chargé d’histoire que Chellah, nous faisait allègrement rêver. On se sentait soudain transportés en Persie ancienne, du temps de Zyriab, Avicenne ou Jalaluddine Rumi, les effluves d’Ispahan nous titillant les narines. C’est d’ailleurs sur les écrits du dernier cité, grand poète et mystique soufi, que Niyaz se sont inspirés pour certains de leurs titres.

Rayat Al Sumud, titre issu de leur dernier album et ayant été composé par le joueur de luth palestinien de Niyaz qui n’a malheureusement pas pu faire le déplacement, a vu Azam Ali chanter dans un excellent arabe. Elle a chanté la souffrance et le tourment quotidien du peuple palestinien, elle qui a eu une jeunesse très mouvementée entre la révolution iranienne, sa séparation précoce de sa mère et son expatriation en Inde puis aux Etats-Unis.

Le temps est vite passé en compagnie de ce groupe des plus novateurs sur la scène world music et c’est avec quelque peu d’amertume que l’on apprit qu’ils allaient interpréter leur dernier titre. Azam Ali présenta son groupe puis exprima toute sa gratitude envers le public et la pays qui l’a accueillit, n’omettant pas d’accorder une mention spéciale à l’hospitalité et surtout la gastronomie marocaine.

Pari largement réussi donc pour Azam Ali & NiYAZ qui ont su à tous les instants offrir au public un mélange transcendant de sons acoustiques empruntées à la traditionnelle musique moyen-orientaliste, adroitement mariés à quelques sonorités électroniques. On notera également la sympathie et la convivialité des membres du groupe qui ont joyeusement échangé quelques mots avec leurs fans à la fin du concert.

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Ibrahim Maalouf à Mawazine : voyage dans les rues de Beyrouth

L’intimité d’une salle obscure, fut-elle grande comme le théâtre Mohamed V, est sans doute plus propice à l’immersion dans l’œuvre d’un artiste qu’une immense scène comme celle de l’OLM Souissi. Le concert qu’a offert hier Ibrahim Maalouf aux spectateurs d’un théâtre Mohamed V plein comme un œuf restera sans doute l’un des moments marquants de l’édition de Mawazine 2012, tant par l’originalité du jeune homme, sa sympathie, sa bonhomie, que par la virtuosité dont il fait montre avec sa trompette, cet instrument dont on a du mal à se douter qu’il puisse être à l’origine d’un concert complet.

C’est donc devant un public éberlué qu’Ibrahim Maalouf arrive… en jogging et pull à capuchon noir et baskets blanches. Et de commencer immédiatement le concert par un morceau dynamique, Speed Dating, pour faire connaissance en vitesse avec chacun des 5 musiciens qui l’accompagnaient, chacun ayant son propre solo et quelques instants pour nous montrer leur virtuosité. A la fin de ce morceau vif, percutant, où chacun a pu apprécier à sa juste mesure le talent du groupe, Ibrahim Maalouf parle au public pendant quelques instants. Quelques instants où il se décrit comme « obsessionnel ». Et où il nous annonce qu’il jouera un morceau appelé Obsession puis un autre morceau, Schizophrénie. Le premier titre, d’une beauté incontestable, mais phénoménalement angoissant, aux tonalités graves, composé d’un unique motif musical, qui revient en boucle, à la manière d’un Boléro de Ravel, conjugué à une ambiance de scène d’un rouge infernal, coupe le souffle de la salle, la laisse estomaquée face à la puissance de ce qui vient d’être joué face à elle.

La suite du spectacle fut beaucoup plus légère, l’artiste interagissant régulièrement et de façon très détendue avec le public. C’est ainsi que, pendant 10 longues minutes, il nous expliqua la raison pour laquelle il jouait en jogging, tout en nous demandant de ne pas trop nous en formaliser : en préparant sa tournée, dans sa chambre, en pyjama, il s’est dit qu’il devait être sympathique de jouer un concert en pyjama. Dont acte. Et pour ne pas couper la dynamique du concert, il clapotait en même temps sur son clavier la mélodie de Will Soon be a Woman, une ballade jazzy, légère, amoureuse, qu’il nous a invité à partager avec lui. Le public ne s’est pas fait prier et entonne donc à plein poumons la mélodie après Ibrahim Maalouf.

En écoutant Schizophrénie, un morceau où Maalouf (l’on est tentés de l’appeler Ibrahim, tant il s’est rapproché du public), se répond à lui-même, dans une schizophrénie musicale, mais aussi scénique, l’esprit qui vagabonde un peu se laissera tenter par une interprétation extensive de ce morceau. Après tout, un artiste libanais, neveu d’Amin Maalouf, cet écrivain de génie qui a tant écrit sur la multiplicité des identités, au moment même où le Liban est plongé dans un mini-chaos, tous les ingrédients sont réunis pour que ce morceau soit un concentré de Liban, ce pays de contradictions et de paradoxes, où la schizophrénie identitaire atteint des sommets inégalés. Mais à peine à-t-on le temps de s’engouffrer dans cette pensée qu’Ibrahim Maalouf fera l’une des choses les plus belles qui puissent être données à un public arabe. Il rendra un hommage vibrant à Warda Al Jazairia, en reprenant, avec ses musiciens, la mélodie de Bitwaness Bik, et en laissant au public le soin de la chanter, en chœur, avec l’émotion de ceux qui viennent de perdre un être cher. Un geste d’une rare élégance.

Mais, et alors que tout le concert s’était déroulé dans une atmosphère joyeuse, enjouée, Ibrahim Maalouf nous prévient, le morceau qui allait suivre serait, selon ses propres mots, « le seul morceau sérieux du concert ». Il nous raconte alors l’histoire de la composition de ce qu’il convient d’appeler un chef d’œuvre. Il le compose à l’âge de 12 ans, dans les rues de Beyrouth, en 1993. Une ville qu’il visite pour la première fois, une ville encore meurtrie de 15 ans de guerre civile, aux ruines encore fumantes, où les impacts de balles font partie du mobilier urbain le plus commun. C’est au détour d’une rue qu’il aperçoit « ce qu’un enfant de 12 ans ne devrait jamais voir ». Beirut, pièce longue d’une bonne douzaine de minutes, prend la forme d’une balade dans Beyrouth, et nous raconte l’histoire de ce qu’y a vécu Ibrahim. Et il suffit de fermer les yeux, le temps du morceau, pour y être transporté, jusqu’à la découverte, en même temps que le jeune garçon de 12 ans, de cette scène qu’il n’aurait jamais du voir. C’est le clou du spectacle, le groupe récolte une standing ovation de plusieurs minutes, plusieurs personnes iront aux larmes, le public en veut plus. Il réclame Hachich (Treyfa, dira un membre du public). Le quintette s’exécute, puis tire sa révérence. Un régal.

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Scorpions : a hurricane all over Rabat

Le concert du groupe emblématique d’Hanovre, Scorpions, était sans doute le rendez-vous le plus attendu de cette édition 2012 de Mawazine. Pour un festival qui n’a pas l’habitude d’accueillir des groupes de rock, et a fortiori de heavy metal, le pari de Scorpions pouvait se révéler osé. Force est de constater qu’il a été relevé avec brio, tant par le groupe, qui nous livra une performance extraordinaire, que par un public extraordinairement nombreux, mais, au-delà, en parfaite communion avec le groupe.

Le groupe commence le concert par un long instrumental, sur-vitaminé, déjanté, explosif, dans la plus pure tradition du hard rock, ponctué de solos de guitare nerveux et de passages de batteries énergiques. Après cette mise en bouche des plus alléchantes, où l’on peut voir que malgré les années qui passent, la formation de Klaus Meine est toujours aussi débordante d’énergie, le groupe va embrayer sur un titre de leur nouvel album, Sting In The Tail, un morceau court, tout aussi énergique et nerveux. C’est que le groupe semble avoir décidé de nous offrir un concert de haute volée, puissant vocalement et instrumentalement, et de pousser les décibels jusqu’à la limite de l’humainement encaissable.

Mais c’est la volée de chansons qui suit qui verra le public commencer à communier avec le groupe, voire à entrer en transe pour certains. Le groupe va en effet enchaîner trois de ses tubes des années fastes : Tout d’abord, un Make It Realrepris et entonné par un public de connaisseurs, qui aura pris plaisir à constater que les années n’ont rien entamé de la capacité vocale de Klaus Meine, ni de la virtuosité de Rudolf Schenker et Matthias Jabs, qui nous ont régalé tout le long du concert de leurs solos uniques en leur genre. C’est ensuite sur Is There Anybody There que va enchainer le groupe, mais surtout sur The Zoo, chanson mythique du groupe, où l’utilisation de la Talkbox de Jabs aura sur le public l’effet escompté.

Surtout, le groupe portera une attention particulière à ne jamais se couper du public, produisant dès lors l’un des concerts les plus interactifs du festival. La scène ayant été augmentée d’un podium pénétrant la foule, les membres du groupes feront sans cesse des allers retours jusqu’à s’approcher à quelques dizaines de centimètres d’un public chauffé à blanc, ponctuant la fin des chansons de « Shûkran » ou de « Come on Rabat ! ». Et dès le début du concert, Klaus Meine ira jeter plusieurs des baguettes du batteur, James Kottak, qui disposait visiblement d’une réserve suffisante pour contenter beaucoup de monde. Le groupe, tout le concert durant, ne fera pas l’économie de ses efforts ni de ses sourires, étonnés, face à un public passionné.

En effet, les titres étaient pour la plupart entonnés en chœur par le public, et pas seulement le refrain. Et à la façon d’un Freddy Mercury, Klaus Meine, jouera avec le public, lui donnant quelques lignes à répéter avec lui, à la fin du tube The Best Is Yet To Come. La chanson, immédiatement suivie d’un des autres grands succès du groupe, Send Me An Angel, restera l’un des moments de la soirée, tant elle a été suivie par la foule immense qui composait le public, plusieurs dizaines de milliers de personnes. La deuxième partie du concert sera résolument rock’n’roll, le groupe partant explorer les profondeurs du hard rock, gras, puissant, déstructuré, voire destructeur lorsque Matthias Jabs aura l’idée de jouer les notes les plus graves de sa guitare, moment unique où l’on sentait la musique en soi, tant notre corps a vibré, obligeant même certaines personnes à se boucher les oreilles pour arrêter de trembler. Car vu la sono de Mawazine, c’est à un véritable raz-de-marée sonore que l’on a assisté pendant ces minutes.

Une énergie que l’on a également pu voir chez James Kottak, le batteur du groupe, une bête de scène, qui nous gratifiera d’un long, long, long solo de batterie, surpuissant, sans concessions, Kottack Attack, tenant le public en haleine, l’haleine de la fin d’un concert pour lequel il ne restait plus que quelques chansons, et, tout le monde le sentait, pas des moindres. La montée en régime amorcée depuis quelques dizaines de minutes touche à sa fin, et à la fin de Big City Nights, tout le monde sent bien que LE moment est venu. Celui que tout le monde attendait, les fans comme les néophytes. Le groupe s’éclipse un moment. Le public crie leur nom, en boucle, de plus en plus fort. Et finalement…

Klaus Meine revient drapé dans un drapeau marocain, et la chanson sans doute la plus légendaire du groupe, celle qui a fait danser depuis des dizaines d’années tant de couples, qui fut témoin des amours de tant et tant de personnes, de part le monde, un hymne sur lequel le temps n’a aucune prise : Still Loving You. Mais c’est sans doute l’autre chanson de légende du groupe qui était le plus attendue par le public de l’OLM Souissi. Plus d’un an et demi après le « printemps arabe », alors que beaucoup portent encore en eux les espoirs d’un Maroc meilleur, d’un changement pour le mieux, quel plus beau symbole que de chanter Wind Of Change, chanson écrite en 1989 à l’occasion de la chute du mur de Berlin, symbole de l’oppression soviétique, et de la chanter à Rabat, en plein monde arabe ? Cette chanson, le public l’a attendue et l’a fait sienne, des drapeaux syriens se sont levés dans la foule, les plus âgés comme les plus jeunes l’ont chanté, privant presque Klaus Meine de son rôle de chanteur. Et pour conclure, une dernière chanson de légende, un riff connu de tous, Rock you like a hurricane. Et c’est bien ce qu’ont fait hier Scorpions à Rabat, pour leur dernière tournée, celle qui sonne la fin de la carrière d’un groupe de légende. They rocked like hurricanes.

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Lenny Kravitz à Mawazine, spontané et déroutant !

L’OLM Souissi, ayant accueilli Scorpions pour ce qui restera comme le point d’orgue de cette 11ème édition de Mawazine, abritait un autre poids lourd hier, avec le 1er concert en terre arabe de Lenny Kravitz, multi-instrumentiste de talent et 4 fois lauréat des Grammy Awards de la “Meilleure Performance Rock Masculine”. Chronique !

Une chose est sure, Scorpions ont mis la barre très haute jeudi soir, puisant dans le fond de leur répertoire enraciné dans le Hard Rock. Lenny Kravitz avait donc l’ardue mission de les supplanter et de faire vivre un public certes moins nombreux que la veille, mais tout aussi enthousiaste de voir ce talentueux new-yorkais de naissance monter sur scène. Car Lenny Kravitz est un musicien complet, aussi habile par ses capacités vocales que par l’armada d’instruments qu’il sait jouer. Entre guitare, basse, clavier ou encore percussions, il est l’un des rares artistes à pouvoir s’enorgueillir d’enregistrer quasi-seul ses albums.

C’est avec une dizaine de minutes de retard que Lenny se présenta sur scène, rejoint par l’ensemble de son groupe. Et là, première grosse surprise de la soirée, je découvrais que la bassiste n’était autre que Gail Ann Dorsey, mondialement reconnue comme l’une des bassistes les plus confirmés, elle qui accompagne notamment David Bowie depuis une quinzaine d’années dans ses tournées internationales. Dès lors, la soirée s’annonçait de feu ! Et c’est ce que le new-yorkais s’empressait de confirmer avec 3 titres qui allaient enflammer le public. En effet, Come On Get ItAlways On The Run et surtout American Woman, reprise de The Guess Who, donnaient un premier aperçu de cette soirée et confirmaient que Lenny Kravitz allait tout donner pour satisfaire le public.

“I finally made it” c’est avec ces mots que Lenny Kravitz nous parla. Il n’avait passé que 2 jours au Maroc, mais c’était suffisant pour confirmer tout le bien qu’il pensait de cette terre “magique”, selon ses propres mots. “It’s about a  connection” car Lenny était surtout là pour voir son public marocain, pour se connecter avec lui et ainsi casser cette frontière qui sépare souvent l’artiste et son public. Et la musique repartit, avec cette fois It ain’t over till it’s over, une ballade douce en mid-tempo issu de My Mama Said, album qui faisait partie de ses premiers succès. Cab Driver, dont une partie du public se fit un plaisir de scander l’aisé refrain, a vu un Lenny Kravitz détendu, à l’aise sur scène, se baladant parmi ses musiciens et saluant le public. Parfait timing pour lancer un sacré solo du trompettiste qui allait introduire Black & White America, chanson retraçant l’histoire personnelle de Lenny, en commençant par ses origines métissées, son père étant blanc et sa mère afro-américaine, puis par la jeunesse de notre new-yorkais.

Fields of Joy commence avec un tempo lent. Celui ci laissera rapidement place au saxophoniste, cette fois, pour un solo haletant, avant de s’estomper pour revenir à un rythme encore une fois ralenti et ainsi passer sans transition à Stand By My Woman. Ce dernier, titre un brin romantique, sera encore une fois l’occasion de voir l’étendu du talent du trompettiste, saxophoniste et tromboniste dont il faudra saluer l’excellente prestation. Believe et Stand faisaient quelque peu refroidir le public par leur tempo lent, chose que rectifia Lenny Kravitz en lançant Rock Star City Life. C’est là qu’on sentit qu’on était bien dans le vif du sujet, Lenny laissant la vedette à son guitariste, Craig Ross qui nous livra un solo de haute volée. Where Are We Runnin’ vit Lenny occupait le piano pour un petit aperçu de son talent de clavetiste, laissant au public le soin de reprendre le refrain.

Vint le moment que j’attendais tout le long de la soirée. Sur Fly Away, Gail Ann Dorsey prit enfin la vedette pour ainsi confirmer l’immense talent qu’on lui connaissait. Avec Are You Gonna Go My way, Lenny Kravitz livre encore une fois la scène à son groupe, pour un solo collectif, où chacun des musiciens présents sur scène se fit une joie de donner un récital de son instrument. Lenny s’éclipsa quelques minutes puis revint nous introduire à son groupe pour entamer Let Love Rule, si attendu des connaisseurs et qui allait durer une bonne trentaine de minutes. Et là, à la surprise générale, Lenny Kravitz fit ce que jamais un artiste n’avait fait auparavant à Mawazine. Il descendit pour un bain de foule pour ainsi entrer directement en symbiose avec le public comme il l’a promis au début de son concert. Déroutant !

Nous noterons à la fin la prestation remarquable de Lenny Kravitz et ses musiciens qui ont fait un sans faute et ont su littéralement entré en communion avec le public en leur communiquant leur énergie. La réception, par contre, n’était parfois pas à la hauteur et la mention légèrement défavorable va donc à une partie du public qui, malgré le fait qu’elle ait paru énormément apprécier le concert de Lenny, a quelque peu réagi mollement devant les incessants encouragements de ce dernier à les faire participer dans le show.

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Mariah Carey à Mawazine : une nuisance sonore

Pour une clôture en apothéose de cette 11ème édition du Festival Mawazine, les organisateurs ont choisi de tabler sur un gros nom du R&B. Assurément, Mariah Carey, star mondiale du R&B depuis près de 2 décennies, avait la scène et le public d’OLM Souissi à ses pieds avant le début du concert. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a joliment failli à sa tâche. Chronique d’un calvaire !

Le public est venu très nombreux ce soir avec l’espoir de voir Mariah Carey se produire live devant eux, pour ainsi découvrir sa voix si extraordinaire, d’avoir des frissons à chacune de ses chansons et surtout de ressentir des sentiments qu’on disait Mariah Carey si apte à partager dans ses lives. Il ne fut rien de cela.

Le concert démarrait de bien mauvaise manière, principalement du au fait que le public a subi une attente de près d’1h30. C’est donc dans un concert de sifflements que les musiciens se présentèrent sur scène. Une scène surréaliste précédât l’entrée de Mariah Carey, avec ce qui a semblé comme un groupe de Aissawa dansant de façon incohérente avec les danseurs de la star du jour. Cette dernière fit enfin son entrée dans une tenue légère et entama Emotions, l’un de ses premièrs succès des années 90. Sauf que d’émotions, il n’y eut point. On se disait en ce moment, que le concert ne faisait que commencer et qu’il y aurait une plus grande richesse de couleurs par la suite. Elle interpréta It’s like that, chanson dansante qui allait quelque peu faire bouger le public, toutefois on garde surtout à l’esprit une impression de playback, car cette dernière a souvent lancé ses tubes en fond pour ne chanter elle même que certaines parties. Elle n’arrivait donc pas à mettre le feu au public.

Shake it et Obsessed confirmaient notre première impression avec des titres bien que légers et rythmés mais on sentait une Mariah Carey qui ne donnait pas vraiment coeur à l’ouvrage. Il furent ennuyeux, la mère des jumeaux Moroccan et Monroe n’arrivant pas à nous communiquer une quelconque énergie. Elle partit dans un long monologue, parlant certes de son amour et attachement pour le Maroc, mais n’essayant pas vraiment d’avoir un dialogue avec le public, chose essentielle pour le succès d’un concert sur une scène aussi géante. Dommage !

Mariah Carey s’éclipse, pour ce qui semble être une pause pipi, et c’est Trey Lorenz qui arrive enfin à mettre un peu d’ambiance au public avec I’ll Be There, généreux hommage aux Jackson Five. Une belle romance et un joli hommage qui a certes ravi le public, mais celui-ci n’était présent que pour voir Mariah Carey et c’est, non sans quelques huements par ci par là, qu’il la réclama. Elle revint dans une nouvelle robe et entama un long monologue, cette fois contrainte par un souci technique, confirmant si bien l’adage sur les femmes, ne manqua pas de noter une amie.

Elle sentit qu’elle était pratiquement la seule à se divertir sur scène et c’est donc avec un We gotta make it work people! qu’elle chanta Touch My Body. Sauf que non, la magie n’opéra pas. En cause, certains titres, dont ce dernier, ont été interprétés dans une version Jazz assez plate, provoquant la déception de beaucoup de ses fans qui s’attendaient plutôt à des versions plus vivantes. Certains iront jusqu’à dire qu’elle a détruit leur chanson favorite. Mariah Carey ne prit même pas le soin de présenter ses musiciens, laissant un des membres de son groupe le faire.

Il faudra attendre Hero pour enfin avoir un petit aperçu de la voix langoureuse et sensuelle qu’on lui connaissait. Le public a répondu présent cette fois, pour ce qui restera comme l’un des rares moments forts de la soirée. Sur le titre My All, un de ses plus fameux succès, on la vit s’allonger tranquillement sur un divan spécialement installé pour elle, pour nous gratifier d’une performance encore une fois moyenne.

Si les organisateurs du Festival Mawazine ont voulu frapper un grand coup en le clôturant avec Mariah Carey, je ne peux qu’avoir le sentiment qu’ils se sont cassés les dents. Je pars déçu de ce concert où j’étais venu apprécier la tendresse et la maestria de Mariah Carey. Sa performance, pour le moins insipide, laissera un gout amer à cette édition devant l’explosion musicale qu’on a eu auparavant grâce à Scorpions et Lenny Kravitz notamment.

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La reine du Progressive House, Djette Dinka : L’interview !

Chers Cassetiens, aujourd’hui nous avons l’honneur de vous présenter à travers différentes questions la superstar Dinka, nommée aussi La reine de la Progressive House et la pionnière de la plage summerish ; un talent multiple sur l’horizon de la musique moderne. Dans notre interview, vous découvrirez le second avatar de notre Djette suisse !

Achraf Samsam : Bonjour, et merci d’avoir accepté notre invitation ! D’abord, commençons par une petite présentation  pour les gens qui ne vous connaissent pas.

Dinka : Mon nom est Dinka, je suis djette/productrice à ma ville natale, Lucerne, Swisse. Je voyage d’une grande ville à une autre pour faire découvrir ma passion.

A.S. : Très bien ! Maintenant parles-nous un peu de ton Pseudo, Dinka ?

D. : DINKA est un nom décerné a une tribune soudanaise oú ses habitants se sont battus et se battent encore pour leurs droits. Même s’ils sont très loin de là ou j’habite, j’éprouve une certaine connections envers eux. C’est aussi un message que j’essaie de transmettre: être aux cotés des autres malgré la distance.

A.S. : Qu’est-ce qui vient en premier pour toi, le djing ou bien la la production ?

D. : J’ai commencé à être dans la scène de la danse électronique dés mon plus jeune âge. J’ai commencé at cette époque là avec de la trance et puis je me suis orientée avec vers un beat plus mélodique qui est connu sous le nom du Progressif House. Le Djing est aussi très important pour moi, c’est très surprenant de voir comment les gens réagissent dans les clubs quand ils entendent notre son. Et c’est comme ça que j’ai su que j’étais faite pour ce domaine !

A.S. : Vous faites partie de ceux que l’on identifie comme la relève du Progressive House notamment avec des stars, à savoir EDX, Chris Reece, Daniel Portman, Leventina… Parlez-nous un peu de ce style ?

D. : On est tous des artistes suisses connectés autant que Helvetic Nerds. Pour nous, il est très important d’aider l’un l’autres et de promouvoir les uns les autres pour le but de faire entendre de notre style. On se connaît depuis un bout de temps et et on fait beaucoup de contributions.

A.S. : Quels sont tes projets, quelques nouveaux tracks, albums ou des sets par hasard ?

D. : On vient juste de finir un remix de Stan Kolevs et Matan Caspis, et ça va être un Dinka Summer EP !

 

A.S. : Et à part la musique, quels sont tes hobbies ?

D. : J’aime bien faire du VTT en montagne, puisque je suis une montagnarde d’origine. Je fais aussi du Yoga et du Kenpo ce qui est parfait pour ma routine. De temps à autre, je  suis actrice dans quelques court métrages et publicités. Bien sûr, j’adore les livres et les films pour être ouverte vers toutes les identités.

A.S. : Avant de conclure cette interview, nous avons encore quelques questions très rapides à te poser pour mieux te connaître. Parfois, un mot suffit ! Quel est le titre que tu nous conseilles le plus d’écouter dans ta discographie ?

D. : The SinElementsThe Celtic Of ScotlandLegendsCamouflageVioletHiveElevation, et un titre qui est sorti le 4 juillet: DINKA RMX on Matan Caspis and Stan Kolev’s Day after Day !

A.S. : Un artiste avec qui tu voudrais travailler un jour?

D. : Eric Prydz.

A.S. : 3 mots pour définir ton style musical ?

D. : Multicultural Dance Music !

A.S. : Le meilleur club au monde (nom et ville) ?

D. : Ils sont tellement nombreux…

A.S. :  Un dernier mot pour nos cassetiens ?

D.: Le nouveau DINKA va sortir le 6 Août et restez en contact avec nous via les réseaux sociaux ! Merci pour le support, et j’espère vous voir au Maroc ! Best regards.

A.S. : Merci pour tout !

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Aloe Blacc au Jazzablanca : fin et élégant

Le jour J était enfin arrivé ! Mon premier concert Jazzablanca de la saison. Accompagnée de mes meilleurs amis, nous avions pris place en plein air et en hauteur. Nous avions donc droit à une vue panoramique sur la scène, même que nous pouvions apercevoir derrière le décor, au loin, la mosquée Hassan II et les Twin Center. Chronique d’un concert tant attendu.

Histoire de nous mettre l’eau à la bouche, nous avons reçu en première partie un groupe de 4 personnes (Miki & Jaybo) qui, entre autres, ont accompagné Aloe Blacc durant tout le concert. Violon, alto, contrebasse puis violoncelle et le tour est joué. Il ne manquait que la star de la soirée. D’ailleurs, ce dernier ne se fit pas plus attendre, il fit son entrée sous les applaudissements d’un public chaleureux après quelques minutes.

Assis sur une chaise élevée vêtu d’un costard cravate, d’un chapeau bien évidemment et de chaussures vernies, Aloe A.K.A Nathaniel avait l’air en forme. Il présenta donc ses amis sur scène avec qui il allait exposer son projet musical qui est de revisiter des chansons cultes avec un quintet à cordes.

Il ouvra donc le bal avec Green Light, extrait de son dernier album Good Things, sorti en 2010. Souriant d’une voix soul, je me sentais déjà séduite par le rôle qu’il jouait. Après un petit speech, il enchaîna avec Miss Fortune, une performance vocale indéniablement époustouflante. Malheureusement, la sono n’était pas terrible, chose qui était prévisible, vu que le concert se déroula en plein air, je n’arrivais donc que rarement à distinguer ses mots. Mais bon passons…

Les versions de ses chansons étaient très différentes de la version originale dans l’album, mais ce n’était pas très convaincant. C’était étrange, vu que certains morceaux avaient l’air plus profonds de sens. Life So Hard se bouleversait en une sorte de triste lyrisme. Les frissons me parcouraient à l’écoute des notes vocales aiguës couronnées par les acclamations et les sifflements. Un silence religieux s’installa à la fin de la chanson et d’un coup l’ambiance battait son plein lorsqu’on a reconnu Loving You Is Killing Me, que l’auditoire fredonna avec amour. Éclairé par une lumière rouge tamisée, Aloe chantait avec punch et énergie débordante.

On imagine à quoi ressemble la musique produite par un artiste répétant les mêmes morceaux, nuit après nuit, sans interruption. Nathaniel, au contraire nous a prouvé qu’avec un changement d’instruments, il pouvait y avoir de l’innovation. Une innovation peut-être pas plus intéressante que les premières, mais enthousiasmante quand même !

If I adoucit la folle ardeur qui dominait l’atmosphère. Beaucoup d’émotions dessinaient le visage de Blacc. Des émotions que l’on devait certainement tous ressentir à ce moment-là. Les instruments sonnaient comme une note d’apaisement dans mes oreilles. Un apaisement presque palpable !

Après une gorgée d’eau, il nous dit d’un anglais parfait : « Cette chanson a été écrite pour que les politiciens nous écoutent enfin », on l’aura compris, il s’agissait de Politicians, dont les paroles étaient particulièrement touchantes.

La bonne humeur et la complicité évidente sur scène, créaient une harmonie sans précèdent. Et dans cette ambiance chargée de complicité quasi intime, Aloe Black et Mikki & Jaybo nous interprétèrent Momma Hold my Hand. Encore une fois avec abondamment d’élégance et de finesse pour nous enivrer.

Le concert s’acheva sur les remerciements de Blacc « C’est la première que nous venons au Maroc, et j’espère revenir bientôt avec mes amis ». C’est alors que le moment le plus attendu arriva, le moment de I Need a Dollar, cette chanson qui fit certainement le succès d’Aloe, et lui donna place dans la monde de la soul et du r’n’b. Le public tout entier gémissait et criait en rythme « Cause I need a dollar! Dollar is all I need, hey hey! ».

Une premiere standing ovation, avant LA chanson finale en hommage à Michael Jackson qui est Billie Jean. Une cover totalement différente de celles que l’on a écoutés auparavant. Une interprétation assez subtile et mémorable. C’est ainsi qu’on nous sortait les mouchoirs blancs sur scène, il était temps de se quitter. Le concert était déjà fini après 1h30 de musique et une seconde standing ovation.

Bilan : Un concert assez calme. Nous aurions voulu voir Aloe Blacc comme à son habitude, plus soul plus jazzy, plus spontané surtout !

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The Trio of OZ au Jazzablanca : une complicité remarquable

Une soirée deux en un. Nous avons eu droit ce soir-là à deux concerts de taille. Commençons avec The trio of OZ. Un trio connu pour détenir une perle rare : Omar el Hakim, célèbre batteur américain qui a travaillé avec les plus grands comme David Bowie, Michael Jackson, Groover Washington Jr ou encore Mick Jagger. Chronique.

Après quelques minutes d’attente, The Trio Of OZ fit enfin son apparition sur scène. Je me demandais ce qu’ils allaient nous concocter après une si longue attente. Un présentateur nous confia qu’ils allaient interpréter les chansons de leur album où ils ont remasterisé de grands tubes pop et rock en version Jazz, et ce, à leur manière.

La belle Rachel Z, originaire de New York au piano, qui est aussi la femme de Omar El Hakim. Solomon Dorsey à la contrebasse et puis Omar à la batterie.

Ils me donnaient le sourire. On sentait une telle complicité entre Omar & Rachel, ils se comprenaient du regard. Angry Chair du groupe Alice In Chains fut la première chanson, complètement revisitée. Ça sonnait bien, même qu’au final c’était meilleur que la version originale. Le groupe poursuivit avec Sour Girl de Stone Temple Pilots, débutant avec le piano, suivi par Solomon, le teneur de chandelle !  La fumée sur scène dansait avec légèreté, se mariant avec une lumière d’un bleu subaquatique.

Rachel Z commença le troisième morceau qui sonnait comme Last Tango In Parisde Gotan Project, et c’est là que j’ai reconnu, après l’union des deux autres instruments, King Of Pain de Sting & The Police. Une chanson qui a bercé une bonne partie de ma jeunesse (quoique je n’ai toujours pas 40 piges !), je ne pouvais être que ravie d’entendre une si belle reprise puis repenser à ce que cela m’évoquait. Un lointain souvenir suspendu au fil du temps.

Omar présenta son groupe avec beaucoup d’humour, critiquant presque leur allure vestimentaire avec un tantinet de finesse, bien entendu. Et puis toujours dans le rôle de musicien blagueur et taquin, il nous dit : « La chanson suivante est There is a Light, une reprise du petit groupe The Smiths ». Une reprise très remarquable avec beaucoup de synergie palpable entre les instruments. Il s’en dégageait de bonnes ondes, tellement bonnes que même les plus antipathiques d’entre nous se sont vus sourire bêtement.

Solomon avait l’air tout aussi sympathique que son ami batteur. Et sur le coup, je ne m’étais pas trompée, car après le concert, j’ai eu le privilège de lui parler pendant un bon quart d’heure avec Rachel, ils étaient extrêmement sociables et aimables. Sur scène, je revoyais Solomon caricaturant une fille fléchissant des genoux en riant avec un couple assis à mes côtés (dont la fille était bonne connaisseuse et même fan des KOL !).

La voix de Chris Martin se transforma en notes de piano. Je reconnus alors Lost de Coldplay que je n’aurai jamais cru un jour l’entendre sous cette forme-là. Ce fut ahurissant ! Le public était très réceptif et très silencieux. Assise au premier rang, je pouvais même entendre Solomon chantonner en accord avec sa contrebasse.

« Mesdames et messieurs, nous allons vous interpréter Bizarre Triangle Love, mais elle ne nous concerne pas » dit Hakim. Je ne manquais pas d’en rire ! Cette chanson fut ma préférée. Suave, ce sera celle qui m’aura le plus touché. Dorsey sortit son archet et commença à astiquer sa contrebasse.

Ce qui m’étonne chez Omar, c’est qu’on sentait qu’il connaissait sa batterie mieux que sa propre anatomie. Il avait l’air de connaître avec précision chaque centimètre carré. Dans la majorité des chansons, il commençait en allant d’une cadence puissante à super puissante, mais à aucun moment je ne me suis sentie agressée par le son.

Pendant plus de cinq minutes, il nous concocta un suprême mélange de sons de batterie fortement applaudi par le public. J’aimais la spontanéité dont ils nous firent part. Ain’t No Sunshine devint tout d’un coup une chanson plus festive, dépourvue de cette allure de chanson au fond tristounette. Ce fut alors la chanson qui clôtura le bal. Les trois se mirent au milieu de la scène et nous saluèrent une dernière fois avant de nous quitter.

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Marcus Miller au Jazzablanca : une perfection envoûtante

L’entrée de Marcus Miller sur scène fut sensationnelle et fracassante ! Standing ovation avant même le début du premier morceau. Ça débutait très fort, j’avais l’impression de recevoir une claque en plein visage. J’étais d’ores et déjà abasourdie par la dextérité du jeu de basse de Miller. Chronique.  

Le début était tellement prodigieux que j’avais déjà délaissé mon petit cahier noir où je prenais note, pour aller danser. Il était humainement et moralement impossible de prendre note avec une si bonne ambiance. Mais pour vous, j’ai écrit ce que vous avez raté.

Incroyable est le sens du rythme des musiciens. Trompette, saxophone, piano (pas de synthé, un vrai piano enfin !), guitare et bien sur la légendaire basse de Marcus. La deuxième chanson était une sorte de ritournelle jazzifiée, cette dernière ne peut être qualifiée que de fantaisiste mais aussi de prouesse très originale. La batterie résonnait avec robustesse et cet admirable bouquant était divinement attrayant et plaisant.

J’avais du mal à réaliser que devant moi se trouvait celui qui accompagna, durant toute une époque, l’un des piliers du Jazz : Sir Miles Davis. Les vrais mordus de ce genre de musique (une religion pour d’autres) devaient sûrement trouver le prix de leur ticket donné et trop peu pour une prestation si bonne. Tellement bonne qu’évaporée sur une terre nouvelle, j’avais du mal à me concentrer pour écrire sur mon cahier.

Il y avait plus de monde que durant les autres concerts. L’ambiance festive devint plus sereine après un court speech de Marcus, je cite : « Ça fait du bien d’être ici » et enchaina avec « Je vais vous interpréter de nouvelles chansons, extraites de mon nouvel album, Renaissance, qui sortira en mai prochain. J’espère que vous allez apprécier ! ».

Nous n’étions visiblement pas au bout de notre surprise. Un swing indéniable, qui aurait pu causer des arrêts cardiaques. (en même temps, vu la tranche d’âge de l’auditoire qui dépassait généralement la quarantaine, je me demande comment il n’y eut pas mort. Ce serait ironiquement une belle mort si on y pense !) L’un des morceaux fut couronné avec un solo de trompette si mirifique qu’il séduirait un satanique fan de metal aux cheveux verts.

La légende dit que Miles Davis et Chet Baker ne s’aimaient pas. Et ce soir-là, assise sur des escaliers pour être en hauteur, je savais que s’ils étaient toujours en vie,  ils seraient côte à côte et peut être même enlacés. Miller avait ce pouvoir de ressusciter les âmes de Jazzmen !

Le morceau Master Of All Trades me donna la certitude que j’assistais à l’un des concerts les plus mémorable que le Maroc aura connu. J’espère qu’entre autres, on dira : « Marcus Miller est passé par là » comme à Essaouira où l’on retrace le passage de Hendrix, même dans les endroits les plus improbables. L’interprétation de Master Of All Trades était « saucée » si j’ose dire, pas trop, juste assez pour me laisser sans voix et bouche bée sans même la capacité de lever la tête. Un frisson pas comme les autres.

Je ne saurai vous dire combien de standing ovations, de cris et d’applaudissements il y eut ce soir-là, j’avais arrêté de compter au bout du 10e. Le public était effectivement déchainé.

A ma grande surprise, j’ai reconnu la cadence de Get up Stand up de Bob Marley. Je ne suis pas très fan de reggae mais la reprise fut totalement différente de l’originale et je ne pouvais en être que ravie. On entendait l’auditoire fredonner le refrain. Et c’est ainsi que le trompettiste se remit à nous faire frissonner. C’était une belle histoire, probablement une histoire à l’eau de rose transformée en notes musicales. Une sensation de légèreté, je flottais sur un nuage en coton. Noblesse musicale que mes oreilles n’ont eu que rarement l’honneur de déguster, c’était comme ressentir le moelleux d’un fondant au chocolat fondre au palais de ma bouche. Le paradis sur terre m’offrait enfin une place.

Les noms des musiciens avaient aussi un brin de classe : Brown, Miller ou encore Hawn.

Feeling Good de Nina Simone fut la 5e ou 6e chanson, et je pouvais écrire des sons, j’aurai aimé partager avec vous cette partie de la soirée. Vous sauriez à quel point c’était euphorisant d’assister à un évènement pareil. Plus tard, après Feeling Good, place à Tutu de Miles Davis qui me fit pleurer telle une enfant. Impeccable était le mot, oui irréprochable à tous les niveaux. Qu’il s’agisse de présence sur scène ou agilité/savoir-faire des musiciens.

Marcus et sa bande ont pu faire d’une salle en plein air, un monde imaginaire. Un monde luxueux, sophistiqué où j’imaginais de belles dames se dandinant dans leur plus belle robe devant le comptoir d’un bar d’hôtel somptueux, là où les hommes aux smokings exemplaires ne jurent que par leurs cigares venus de Cuba et leur verre de whiskey.

Et une énième standing ovation avant ce que j’ai appelé « la feinte de Miller ». Il quitta la scène puis revint après quelques minutes. Il nous interpréta avec ses compatriotes 3 dernières chansons dont Blast.

Vous savez, Miles Davis a dit : « Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit de jouer les meilleures ? », et je pense que c’est l’une des choses que Marcus Miller a le plus retenu de son amitié avec Davis.

Bilan : En un seul mot : Parfait.

Bonus : Durant les répètes qui ont précédé le concert, un jeune lycéen sous le nom de Reda Ammoumi du Lycée Lyautey de Casablanca a eu l’honneur de faire une JAM session avec Marcus Miller. Je suis donc partie lui poser quelques rapides questions :

Moi : Comment as-tu rencontré Marcus Miller ?
Reda Ammoumi : Durant la séance dédicace qui eut lieu à la FNAC. On devait lui poser des questions, alors mon ami a eut le courage de lui proposer que je jam avec lui. Malheureusement, il n’y avait pas d’ampli, alors il me proposa de venir le rejoindre à ses répétitions qui allaient se dérouler le lendemain à 18h. Et voilà !

Moi : Comment ça s’est passé ?
Reda Ammoumi : C’était génial. Les artistes sont sympathiques. C’était à mes yeux meilleur que le concert en lui-même. Le guitariste a vraiment un « putain » de feeling et puis le batteur est une bête de scène. C’était vraiment l’un des plus beaux jours de ma vie, ça a duré une bonne heure et Miller m’a même dit : « Good Job! ». Du coup je suis très satisfait !

Moi : Comment trouves-tu Miller ?
Reda Ammoumi : Très sociable. Il n’a pas la grosse tête malgré son parcours. Et puis voilà, il est humble.

Si vous voulez en savoir plus sur ce jeune garçon, il s’agit du bassiste de The Funkys, un super bon groupe !