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Critique de l’album « Assume Form » (James Blake)

James Blake est un auteur-compositeur et producteur dont la musique est empreinte de l’héritage de son père, guitariste (il a d’ailleurs repris sa chanson « The Whilelm Scream sur son premier album éponyme), de la soul et du mouvement Dubstep, émergeant au sud de Londres à la fin des années 1990. Aussi surnommé « Prince of the Valley of the Wind », il a sorti son 4ème album sur le label Polydor le 18 janvier 2019.

Assume Form – polydor

« Assume Form » est le titre de cet album (et d’une chanson de celui-ci) évoquant la dépression. Le cœur de cette expression tend à définir une sorte de dépersonnalisation fréquente chez certaines personnes atteintes d’une maladie mentale, qui les pousse à ne pas vivre l’expérience de leur vie à la première personne, mais à avoir un certain recul sur leur vécu, leurs émotions et leurs sensations. James Blake espère « connecter le mouvement aux émotions ». Il souhaite quitter le monde d’éther pour rejoindre le monde réel, de chair et de béton et arrêter de trop utiliser la réflexion pour laisser parler ses instincts primitifs.

Mile High

Mile High est une ode au minimalisme comme l’indique le vers « less is always more ».

Cette collaboration américano-brittanique avec Travis Scott et Metro Boomin’ nous rappelle le lointain souvenir de « Homecoming » (Chris Martin et Kanye West), où les phrases du rappeur se mêlaient aux mélodies savamment élaborées du chanteur de Coldplay. Ce titre mettait en scène deux types de personnalités diamétralement opposées : d’un côté le producteur/rappeur « hustler » qui représente l’homme dans tout ce qu’il a de plus combatif, dur et persévérant ; de l’autre le chanteur sensible, qui exprime ses émotions en avouant sa fragilité et ses sentiments.

Rappelons que le site Pitchork a taxé James Blake de « sad boy » et que celui-ci lui a répliqué en défendant les personnes dépressives et en reprochant au média sa « masculinité toxique ». A l’ère du mouvement « Me Too », « Balance ton Porc » et autres… on peut se demander que définir comme de la masculinité toxique ? Qu’est-ce qu’être un homme ? Comment incarner sa masculinité sans en faire un poison pour les autres ?

Tell Them

Track entraînant (beat, cordes) qui parle du droit à guérir (d’une blessure sentimentale ?), du temps sacré qui nous est confié dès notre naissance et que l’on peut gaspiller dans l’insouciance et le rejet de ses responsabilités.

Les tracks les plus marquants de cet album sont des œuvres collaboratives, contrairement aux deux précédents albums où James Blake nous confiait ses textes seul (pour la majorité des chansons). James Blake s’est livré à son public tout en se mêlant à cette masculinité toxique qu’il rejette. Il collabore avec ses pairs tout en faisant gagner à son côté sensible et mélancolique hardiesse et virilité.

Where’s the Catch

« Where’s the catch » : James Blake se demande où est le piège dans sa vie d’artiste. « Everything’s rose », tout est trop beau pour être vrai. Il évoque des concerts reportés, des baisers échangés avec une personne du sexe opposé (certainement Jameela Jamil, sa compagne du moment) tandis que André 3000 veut s’en aller avant que les apparitions (angélophanies ? invasions extra-terrestres ?) n’envahissent sa ville. Il fait aussi référence au fait que le pessimisme (certainement depuis les dernières élections américaines) et l’exorcisme (de plus en plus de cas de personnes internées en psychiatrie ont fait surface depuis 2013) aient connu un bond. Ces derniers cas seraient liés à l’augmentation de fréquences des résonances de Schumann (ensemble de pics de spectre dans la partie à très basse fréquence du spectre du champ électromagnétique de la Terre) et engendreraient des expériences en relation avec nos vies antérieures.

I’ll Come Too

Comparé aux derniers albums de James Blake où le désespoir était présent (The Wilhelm Scream), certaines chansons sur cet album sont teintées d’une certaine élégance et d’une romance, à l’instar de « I’ll Come Too » où James Blake décrit comment il se faufilera entre les blessures qui existent entre la personne à qui il s’adresse et son partenaire. Creepy, non ?

En conclusion, cet album est une déclaration d’amour de James Blake à sa compagne Jameela Jamil, car y a-t-il en définitive meilleur moyen de soigner les maux du cœur et de l’esprit que par de l’attention, de l’affection et de l’empathie ?

Certains pourront qualifier James Blake de « sad boy » ou lui reprocher son manque de virilité mais une chose est sûre : il dispose de l’amour d’une femme à succès et collabore avec les plus grands thugs des US… A bon entendeur.

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