Grand Corps Malade – 3ème temps
Cette fois ci, je tiens à vous parler d’un album que j’ai énormément apprécié, un album qui a su raviver mon inspiration perdue depuis un bon bout de temps.
Fabien, Alias Grand Corps Malade, nous livre son 3ème opus « 3ème temps » apparu le 18 Octobre 2010, évoquant la naissance de son 1er enfant, le temps de devenir 3 à la maison.
Depuis la sortie de son premier album « Midi 20 » qui est aussi l’heure de sa naissance, le chanteur a éclairé un style musical pas très courant, en écrivant des textes typiques, éloquents, parfois intimes, mais illustrant la plupart du temps une certaine vérité sociale et politique avec admirable subtilité.
Avec une voix sérieuse et délicate à la fois et surtout très convaincante, il se livre en entier et avec passion dans un Slam hors du commun, des paroles qui ne laissent personne sans émotion sur un fond musical minimaliste qui ne fait qu’insister et donner de l’intensité à chaque mot prononcé.
3ème temps commence par « 1er Janvier 2010 » un titre qui révèle un peu sa raison d’être, le vrai sens de son engagement : « Ma seule vraie place est sur scène ».
Ensuite vient « définitivement », un texte touchant et très émouvant, qui annonce la naissance de son fils. Sur ce titre, Fabien parle au bébé qui est toujours dans l’utérus maternel, et lui exprime sa vivacité et le désir de le retrouver, lui promettant de faire tout son possible pour être un bon père en insistant sur comment il va définitivement changer son sens des priorités et sur le fait qu’il soit la meilleure chose qui lui était arrivée. « T’es pas encore là mais déjà je vois beaucoup de choses différemment, tu vas bousculer ma vie, définitivement ».
Puis vient « A l’école de la vie », qui me rappelle un peu « Rencontres ». À travers ses paroles il nous guide dans l’école au mille et une classes, qu’on essaie de suivre, une par une, et dont on est jamais diplômé, cette école nous enseigne l’insouciance, la confiance, la responsabilité, la curiosité, la faiblesse, la promesse, la grosse galère, l’espoir, l’humanité, et bien d’autres encore. « A l’école de la vie, tout s’apprend, tout s’enseigne, tout s’entend, on s’entraîne, des matières par centaines, c’est l’école de la vie, j’ai erré dans ses couloirs, j’ai géré dans ses trous noirs, j’essayerai d’aller tout voir. ».
Ensuite, « Roméo Kiffe Juliette », sur lequel il illustre la difficulté d’un amour ‘possible’ entre une juive et un musulman, dans un environnement souffrant de l’abnégation de la république et de sa vertu, du racisme intercommunautaire : « Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes, un amour, du courage et deux enfants hors des normes ».
Sur « Education Nationale », le chanteur se glisse dans la peau de “Moussa” et exprime sa déception vis à vis l’enseignement en France, et l’insensibilité des politiques face aux écoles publiques : « L’école publique va mal car elle a la tête sous l’eau. Y a pas d’éducation nationale, y a que des moyens de survie locaux » .
« J’attends », un titre qui indique que la vie est une sorte de cumul d’attentes et une question de patience. « J’attends aussi bêtement la fin du pouvoir absolu, des actionnaires, des dividendes, des profits, c’est tendu ».
Enfin, « Nos absents », un titre larmoyant en hommage à tous nos chers morts ou disparus : C’est ceux qu’on a aimé qui créaient un vide presque infini, qu’inspirent des textes premier degré. Faut dire que la mort manque d’ironie.».
L’album comprend d’autres titres, avec des textes aussi surprenants que les précédant, avec « Un verbe », « Rachid Taxi », « Jour De Doute », « Bulletin Météo », « ÀMontréal », Ou encore deux magnifique featuring dont la reprise de «Summertime » dans « Heure d’été » avec Élise Odin-Gilles et « Tu es donc j’apprends » en duo avec Charles Aznavour.
Les fans de Slam, de poésie et de chanson française ne regretteront pas une seconde l’achat de cet album habillé de brillants textes pleins d’amour et de vives impressions.
Pour finir, je voudrais éclaircir un peu quelques idées confuses à propos du nom de scène de notre cher Fabien Marsaud.
En fait, Lors d’une colonie de vacances, le chanteur fit un plongeon dans une piscine dont le niveau d’eau était apparemment très bas, et se déplaça les vertèbres. Il retrouve l’usage de ses jambes en 1999 après une année de rééducation. C’est en conséquence à cet handicap et sa grande taille (1m94) qu’il prend le nom de scène Grand Corps Malade comme nom de scène.