
Beirut – The Rip Tide
Ecouter Beirut, c’est avant tout se délecter d’une musique au son authentique et souvent incomparable. Après 2 ans d’absence consacrées à diverses tournées, Beirut, pionnier incontestable de Balkan Folk en terre américaine fait son retour avec The Rip Tide. Découvrez, sans plus attendre, cet album avant sa sortie officielle prévue pour le 30 août.
Avec ce 3ème LP, la bande à Zachary Condon s’affirme encore une fois comme l’un des groupes les plus ingénieux et intriguant de la scène Indie. The Flying Club Cup, sorti en 2007, s’était largement inspiré de vieilles variétés françaises avec notamment Nantes ou bien Sunday Smile. The Rip Tide, par contre, n’est pas sans rappeler un certain Gulag Orkestrar. Ce magnifique premier LP, qui nous avait fait découvrir un groupe tirant tout son charme d’une alliance de musique folk et indie avec sonorités balkaniques et cuivres slaves.
Sans vouloir d’ores et déjà sauter à la conclusion, Beirut nous a sorti là un album très proche de la perfection. Une première écoute des 9 titres m’a laissé l’impression que The Rip Tide n’est rien d’autre que le génial aboutissement de l’ensemble du travail accompli par Beirut ces dernières années. Loin de leurs précédentes inspirations européennes, c’est un son propre à eux, plus proche de leur penchant Folk et Pop Rock, qui émerge gracieusement de cet album.
A Candle’s Fire nous met déjà dans l’ambiance de l’album. Ce 1er titre commence avec de légères notes d’accordéon. Avant que ce dernier ne soit rejoint par l’armada d’instruments de Beirut. La voix généreuse de Zachary Condon fait ensuite son intrusion, accompagnée par un excellent jeu d’Ukululé, marque de fabrique de Beirut. La musique est bonne et on se laisse allègrement emporter par le rythme des cuivres et des chœurs.
Santa Fe, ville natale de Zach, nous fait entrer dans un registre plus intimiste. Avec un rythme en low fi en fond, c’est la chanson la plus Pop de cet album. East Harlem est dédiée à la ville de New York, à ses rues, à ses gratte-ciels, mais surtout à la solitude ressentie dans une aussi grande ville. Un titre sorti comme single et entamé à chacun de leurs lives il y a déjà plusieurs mois, une promesse d’un album accompli, une promesse pleinement tenue par Beirut. Le son d’East Harlem est très complet et la musique, délicieusement bien orchestrée, accompagne la voix mélancolique de Zach.
Goshen est une chanson plus pure. Un titre simple, sincère et sans prétention aucune. Une sublime progression prenant corps avec la douceur du piano, puis se renforçant avec le son des tambours et le léger tintement des cuivres. Une agréable pause qui permettra d’enchaîner avec Payne’s Bay et The Rip Tide, deux titres aux notes plus joyeuses. Payne’s Bay, en particulier, nous met dans l’ambiance d’une Marching Band. Zach et ses vocalistes entament un très guilleret ‘Head strong to me, I’ve been head strong ’

Vagabond est le petit bijou de cet album. Une belle balade très attachante qui saura, à coup sur, captiver les sens. Les paroles, et notamment le refrain, sont d’une beauté unique: “Left a bag of bones, a trail of stones, for to find my way home. Now, as the air grows cold, the trees unfold, and I am lost and not found” Les mots, seuls, ne peuvent décrire à quel point cette chanson m’a charmé.

The Peacock a un son plus consistant, contrairement aux autres titres qui se développent le long de la chanson. Cela donnera une ambiance plus feutrée et intime, sans pour autant dénaturer leur style. Finalement, Port Of Call est une belle conclusion à cet album. Beirut y met fin de la même façon avec laquelle il l’a commencé, enchainant Ukulélé, piano et cuivres pour notre plus grand bonheur.
9 titres seulement me direz-vous ? Certes c’est peu, mais tout le long d’un peu plus d’une demi-heure d’écoute, on ne ressent aucun manque en substance. C’est une abondance d’émotions musicales condensées en ces 33 minutes. The Rip Tide est un album complet qui confirme le talent de Zach Condon, compositeur, leader et homme à tout faire de Beirut. Il s’impose également comme l’album le plus mature, le plus abouti et surtout le plus accessible de Beirut. Cependant, le point fort de cet album est également son talon d’achille. On ne pourrait s’empêcher de demander plus, surtout que 3 des titres ont déjà été interprétés en Live.
Note : 8.5/10Yassine El Adraoui (Yassine El Adraoui)