

INITIATION AU JAZZ
Le lieu où le jazz est né reste très controversé. Il y a près d’un siècle, certaines sources affirment que le bourgeon s’est créé en Nouvelle Orléans, s’imprégnant ainsi de cette habileté à faire de la musique une sorte d’extension de la voix et l’expressivité hors norme venues d’Afrique, entremêlés avec l’art instrumental Européen. Avant que tout cela ne commence, nous pouvions distinguer en Louisiane deux groupes différents : D’un côté, une communauté créole, libre, riche, ayant eu une éducation musicale poussée, et d’un autre côté, une communauté anciennement esclave, pauvre et lourdement manquante d’éducation, nourrie de chants religieux, work songs, blues, ainsi de suite. Cette communauté sera mère de l’improvisation créative qui caractérise tant le Jazz.
L’expression des musiques du jazz s’est révélée par des mémoires afro-américaines marquées de rage et de coups, ainsi que dans un monde de divertissement rural spontané dédié à l’amusement de l’Amérique blanche qui longtemps a censuré les jazz bands les plus remarquables du 19ème siècle. La fusion entre toutes ces cultures, nourrie d’une richesse musicalement infinie a enfanté ce que l’on appelle aujourd’hui Jazz. L’origine de ce terme fait également débat, les uns disent qu’il proviendrait du mot africain « Jasi » qui signifierait de vivre un rythme effervescent et mouvementé, les autres affirment que jazz émanerait d’un argo américain « jasm, gism » synonyme d’énergie sexuelle.
Abstraction faite de tout détail technique, le jazz ne peut être réellement défini, du fait de son évolution permanente et son constant changement à travers l’histoire de la musique.
Parmi les premières figures pionnières marquant l’histoire du Jazz, nous retrouvons le chef d’orchestre et roi de la trompette, Buddy Bolden (1877 – 1931), clamé en tant que jazzman des plus puissants au monde. Malheureusement, aucun enregistrement n’a jamais été retrouvé, ses disciples seuls ont pu confirmer son génie et forger sa légende.
Le phonographe a plus tard facilité la tâche et a permis la propagation du jazz, ses amateurs reconnaitront ainsi « King » Oliver avec son Creole Jazz Band, et Louis Amstrong qui en faisait partie :
Ensuite vinrent Duke Ellington ou encore Dizzy Gillespie avec l’avènement du swing, chose qui a mené ce monde musical à la célébrité :
J’aimerais beaucoup m’attarder sur les différents courants qui ont suivi partout dans le monde, mais aujourd’hui, j’aimerais vous faire découvrir ces quelques jazzmen et jazz bands marocains qui mériteraient votre oreille avide de bonne musique :
Magic tarbouch
Ahwach Jazz
Taha EL HMIDI
Ayoub EL MACHATT

Who is Jill Scott ?
Dans le monde de la musique, il y a de tout. Il y a les pistonnés, les vendus, les parvenus, les gens qui considèrent la musique comme étant une machine à dollars et de succès éphémère et il y a les autres. Ces gens qui pour la plupart du temps sont souvent à l’ombre, ces gens talentueux, passionnées, ces gens pleins de convictions et de grands rêves. Ces artistes qui nous enchantent de leur vivant et même après leur mort.
Jill Scott fait partie de ces artistes que j’apprécie beaucoup dans le milieu de la musique et de ce fait j’ai décidé de parler un tantinet à propos de ce petit bout de femme qui mérite toutes les éloges du ciel et de la terre, pour son talent et sa capacité singulière à m’enchanter. Jill Scott dépeint poétiquement et avec une fraicheur bien typique à sa bouille sympathique ces choses qui nous rendent heureux et qui nous construisent avec le temps. Ses chansons qui baignent dans une ambiance poétique et intime sur fonds de jazz, de soul et de hip hop se permettent de titiller nos oreilles et de nous propulser vers un monde délicatement ensoleillée et reflétant parfaitement la personnalité de cette femme qui respire la joie de vivre et l’allégresse.
Je vous conseille tous ses albums et toutes ses collaborations. Je me rappelle avoir particulièrement fondu quand j’ai découvert son featuring avec le duo 4hero qui est un de mes gros coups de cœur. Sur Another Day, on reconnait parfaitement l’empreinte de ces artistes bourrés de talent exponentiel. En effet la voix suave et délicate de Jill sur fond de breakbeat et de nu jazz parfaitement travaillé me donnait et continue de me donner des frissons dans tout le corps.
Très loin des flops et des gros fails musicaux, Jill Scott se fait un nom au milieu de la scène néo soul et construit son empire sur des valeurs sûres qui prônent l’amour de la musique sans pour autant faire dans l’excès de zèle. Poésie et mélodies exaltantes s’embrassent murmurant une délicate note de fraicheur dans ce monde musical dominé par des gens qui n’ont d’artiste que le nom.

Yasmean (Yasmean Marcette S’haki)
Grand Corps Malade – 3ème temps
Cette fois ci, je tiens à vous parler d’un album que j’ai énormément apprécié, un album qui a su raviver mon inspiration perdue depuis un bon bout de temps.
Fabien, Alias Grand Corps Malade, nous livre son 3ème opus « 3ème temps » apparu le 18 Octobre 2010, évoquant la naissance de son 1er enfant, le temps de devenir 3 à la maison.
Depuis la sortie de son premier album « Midi 20 » qui est aussi l’heure de sa naissance, le chanteur a éclairé un style musical pas très courant, en écrivant des textes typiques, éloquents, parfois intimes, mais illustrant la plupart du temps une certaine vérité sociale et politique avec admirable subtilité.
Avec une voix sérieuse et délicate à la fois et surtout très convaincante, il se livre en entier et avec passion dans un Slam hors du commun, des paroles qui ne laissent personne sans émotion sur un fond musical minimaliste qui ne fait qu’insister et donner de l’intensité à chaque mot prononcé.
3ème temps commence par « 1er Janvier 2010 » un titre qui révèle un peu sa raison d’être, le vrai sens de son engagement : « Ma seule vraie place est sur scène ».
Ensuite vient « définitivement », un texte touchant et très émouvant, qui annonce la naissance de son fils. Sur ce titre, Fabien parle au bébé qui est toujours dans l’utérus maternel, et lui exprime sa vivacité et le désir de le retrouver, lui promettant de faire tout son possible pour être un bon père en insistant sur comment il va définitivement changer son sens des priorités et sur le fait qu’il soit la meilleure chose qui lui était arrivée. « T’es pas encore là mais déjà je vois beaucoup de choses différemment, tu vas bousculer ma vie, définitivement ».
Puis vient « A l’école de la vie », qui me rappelle un peu « Rencontres ». À travers ses paroles il nous guide dans l’école au mille et une classes, qu’on essaie de suivre, une par une, et dont on est jamais diplômé, cette école nous enseigne l’insouciance, la confiance, la responsabilité, la curiosité, la faiblesse, la promesse, la grosse galère, l’espoir, l’humanité, et bien d’autres encore. « A l’école de la vie, tout s’apprend, tout s’enseigne, tout s’entend, on s’entraîne, des matières par centaines, c’est l’école de la vie, j’ai erré dans ses couloirs, j’ai géré dans ses trous noirs, j’essayerai d’aller tout voir. ».
Ensuite, « Roméo Kiffe Juliette », sur lequel il illustre la difficulté d’un amour ‘possible’ entre une juive et un musulman, dans un environnement souffrant de l’abnégation de la république et de sa vertu, du racisme intercommunautaire : « Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes, un amour, du courage et deux enfants hors des normes ».
Sur « Education Nationale », le chanteur se glisse dans la peau de “Moussa” et exprime sa déception vis à vis l’enseignement en France, et l’insensibilité des politiques face aux écoles publiques : « L’école publique va mal car elle a la tête sous l’eau. Y a pas d’éducation nationale, y a que des moyens de survie locaux » .
« J’attends », un titre qui indique que la vie est une sorte de cumul d’attentes et une question de patience. « J’attends aussi bêtement la fin du pouvoir absolu, des actionnaires, des dividendes, des profits, c’est tendu ».
Enfin, « Nos absents », un titre larmoyant en hommage à tous nos chers morts ou disparus : C’est ceux qu’on a aimé qui créaient un vide presque infini, qu’inspirent des textes premier degré. Faut dire que la mort manque d’ironie.».
L’album comprend d’autres titres, avec des textes aussi surprenants que les précédant, avec « Un verbe », « Rachid Taxi », « Jour De Doute », « Bulletin Météo », « ÀMontréal », Ou encore deux magnifique featuring dont la reprise de «Summertime » dans « Heure d’été » avec Élise Odin-Gilles et « Tu es donc j’apprends » en duo avec Charles Aznavour.
Les fans de Slam, de poésie et de chanson française ne regretteront pas une seconde l’achat de cet album habillé de brillants textes pleins d’amour et de vives impressions.
Pour finir, je voudrais éclaircir un peu quelques idées confuses à propos du nom de scène de notre cher Fabien Marsaud.
En fait, Lors d’une colonie de vacances, le chanteur fit un plongeon dans une piscine dont le niveau d’eau était apparemment très bas, et se déplaça les vertèbres. Il retrouve l’usage de ses jambes en 1999 après une année de rééducation. C’est en conséquence à cet handicap et sa grande taille (1m94) qu’il prend le nom de scène Grand Corps Malade comme nom de scène.

The Avalanches – Since I Left You
Il y a 11 ans sortait l’un des albums considérés comme l’un des plus grands albums de tous les temps. Since I Left You, composé de plus de 3500 samples, réussit à immerger ses auditeurs dans un voyage musical à la limite de l’euphorie. Chaque son nous renvoie à un véritable univers, qui est le résultat d’un mélange d’influences extrêmement variées.
The Avalanches. Since I Left You. Avec ces noms là on s’attend presque à un groupe générique d’indie rock. Pas du tout… Disons simplement que si je devais aller sur une île déserte, et qu’on m’autorisait un seul album (situation bien entendue quotidienne !), je prendrais celui ci. Pas parce que c’est mon préféré, ça ne l’est pas, mais pour éviter de déprimer. Pour ressentir une flamme de vie. Un vrai distributeur de joie, de vie et d’émotions… Ecouter cet album revient à traverser tout un couloir d’émotions variées, intenses, pures et authentiques.
Quelques faits pour appuyer ce qui peut vous sembler subjectif à première vue. The Avalanches est un groupe de jeunes australiens, vous savez, la vingtaine, passionnés de musique, qui touchent à tout en mélangeant tout ce qu’ils ont sous la main, en faisant ça pour le fun, sans même demander l’autorisation légale pour les samples car “de toute façon, personne n’écoutera !” Résultat, on a un truc qu’ils font pour le fun, pour s’amuser, pour mettre lors des soirées, lors des moments durs, à tout moment en fait. Cette innocence rend presque Endtroducing….. obsolète.
Ce qui est magique dans cet album, c’est que le son offre une variété de sons presque inégalée, et une production parfaite. Des milliers de samples différents, une multitude de sons variés dans chaque chanson, et au final une ambiance unique. On se retrouve avec un son aux résonances hip-hop, funk, pop, glitch-hop, turntablism… et qui touche à tout. Une atmosphère extrêmement joyeuse, euphorique, apaisante se dégage de ce voyage musical. C’est comme un catalyseur pour vos neurones, tout va bien, tout est beau, la vie est subitement magique. Rarement un album n’a réussi à diffuser tant d’émotions et de joie… Le concept lui-même est magique. Non attendez, le fait que ce soit un concept album en lui-même, avant d’étudier le concept, est déjà assez trippant vu la nature de la musique. Le groupe l’a décrit comme l’aventure d’un homme amoureux, qui voyage autour du monde pour retrouver sa bien aimée. A vous d’interpréter l’aventure amoureuse et toute la joie qui s’en échappe tout au long de l’album. Car c’est ce qu’on ressent le plus : l’impression de voyager, mais pas n’importe quelle voyage. Il s’agit plus ici d’une odyssée, d’une véritable épopée que d’une simple croisière. Car tout est intense dans cet album, tout est fait pour créer cette atmosphère de bonne humeur, en passant par différents stades… Vous avez déja regardé dans un kaléidoscope ? Imaginez la même chose en écoutant Since I Left You. Tout un univers frais, nouveau, intense, beau, et qui change à chaque moment. Une véritable hymne à la joie. Prenez le temps de voyager pendant une heure, une heure pile avec ce chef d’oeuvre.
Et encore, c’est typiquement une musique qui colle à chaque occasion. Cet album est unique. Très avant-gardiste pour un album de 2000, il apparaît toujours comme un OVNI aujourd’hui. Chaque son a son propre contexte, et chaque contexte a son propre impact sur son auditeur… C’est comme s’ils prenaient des morceaux de l’univers, qu’ils les mélangeaient dans une boîte, et que vous piochez votre propre ticket pour une croisière magique… Et qu’en mettant la main dans la boîte, vous êtes surs de pas être déçus.
L’album entier est dédié au plaisir. L’ouverture, Since I Left You, nous met directement dans l’ambiance joyeuse… des ukulélés, des chants doux, vous voilà à la plage. Get a drink, have a good time now, welcome to paradise ! L’aventure commence magnifiquement bien, on est déjà conquis avant que les vocals n’apparaissent. Since I Left You, I find the world so new. On explicite encore plus le sentiment de fraîcheur, de nouveauté, et le rythme devient encore plus intense. Vous êtes déjà dans votre bulle ? Dites vous que ce n’est que l’intro.

Tout l’album vous invite au voyage, sur différents rythmes. On ne peut pas se plaindre d’ennui, puisqu’avec plus de 3500 samples utilisés, autant vous dire que vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Beaucoup de petits interludes vous aideront à bâtir votre propre histoire selon le concept diffusé par l’album. Jouant beaucoup sur des mélodies chill, on retrouve des sons très doux comme Two Hearts In 3/4 Time, qui nous berce doucement, ou encore Diner’s Only. Tonight ou Summer Crane nous plongent encore plus dans cet état de nonchalance doux qui nous emporte peu à peu.

Mais tout l’album est extrêmement rythmé… Pour ça qu’on retrouve des sons comme Electricity, qui sample très agréablement Daft Punk, Flight Tonight ou Frontier Psychiatrist qui créent une euphorie déchaînée, et une impression de fraîcheur très agréable. Frontier Psychiatrist est une ode à la folie, le côté déjanté se ressent tout au long de la chanson. Le saxophone, les cris de chevaux, l’ambiance cartoon, les paroles déstructurées… Et énormément de détails. Sérieusement, le nombre de samples est hallucinant, des milliers. Chaque chanson, chaque petit loop est totalement différent, extrêmement dense, varié et captivant. On ne peut s’empêcher d’être fascinés par la variété de tous les sons différents tout au long de l’album, à chaque seconde. Il est rare, très rare d’écouter un même bruit deux fois de suite sur l’album, ne serait-ce qu’un simple drum kick ou autre. On pourrait croire, en me lisant, que ça ne nous laisserait pas le temps de profiter de chaque mélodie… Or le mélange de toutes ces mélodies est ce qui rend le tout aussi puissant et mindblowing. J’ai écouté cet album une vingtaine de fois, et je sais qu’il m’en faudra une centaine d’autres pour entièrement le décortiquer et en identifier chaque bruit, chaque sample. A chaque moment, on découvre une nouvelle sonorité cachée dans un coin, et c’est l’un des aspects les plus magiques de cet album. Le mot “magique” est vague, subjectif, tout ce que vous voulez, mais sérieusement ? Je ne vois pas d’autre terme pour expliquer le charme de cet album. Since I Left You est magique.

Chaque seconde ce cet album est faite pour vous séduire. C’est l’un des albums les plus émouvants qui ait jamais été créé, et sûrement l’un des albums qui donne le plus de sens à la musique. Impossible de comparer cet album à autre chose, tellement le son en est unique. La maîtrise des samples, la qualité inégalable de la production, la fraîcheur intense et le sentiment prolongé de bien-être font de cet album un chef d’oeuvre de la musique électronique et de notre décennie. Vous êtes heureux tout au long de l’écoute. C’est un cliché que je déteste, mais je me sens contrait de l’utiliser tellement c’est ce qui s’applique le plus à cet album : “A consommer sans modération” ! 9.6/10.

Scott Matthew – Gallantry’s Favorite Son
Dans un monde où la musique est jugée par les chiffres de ventes, et le nom des producteurs derrières les pistes. Scott Matthew vient nous aider à prendre du recul et nous rappeler ce qu’est un vrai artiste.
Scott Matthew est un de ces chanteurs avec une voix à la fois douce, roque et sauvage. Cet artiste, compositeur-producteur-interprète reste encore méconnu par la grande scène, mais cela n’est aucunement lié à un manque de talent. Car du talent, il en a, et cela est illustré de part sa musique aux sons consubstantiels, ou par ses mélodies Country Folk hors-pair, qui lui permettent de se distinguer dans ce marché musical du 21e siècle.
Cet artiste, dont la grandeur se mesure par la beauté de ses paroles et les émotions transmises dans ses chansons vient de sortir un troisième album, Gallantry’s Favorite Son, le 10 juin. Un album avec 11 chansons très joviales, plus concaves, moins sensibles que ses précédents opus, mais beaucoup plus matures, que ce soit du côté de la production, des paroles, ou encore de sa voix qui est telle un bon vieux vin, plus le temps passe, plus elle gagne en valeur.
L’album contient de très belles balades, dont Duet, ou la très belle Sinking, ou encore de belles chansons folk à la « Matthew » tels que No Place Called Hell et Felicity qui fait partie de ces chansons qui vous enlèvent tout ce mauvais fardeau que vous portiez la veille, pour vous tracer à la place un joli sourire timide de soulagement. Le mélange du ukulélé, guitares, violons et tambours est d’une telle beauté, jouissance qu’on se croirait dans un heureux mariage au beau milieu du mois de juillet.
En tout cas Gallantry’s Favorite Son est l’album que vous avez envie d’écouter si vous allez bien et que vous avez envie de sourire, que vous allez mal et que vous avez envie de sentir quelque chose de beau, ou si tout simplement vous avez une folle envie de vous relaxer. Car Scott Matthew reste un plaisir à consommer sans modération, dans la solitude de préférence, car quand on aime on partage, mais quand on aime vraiment on ne partage jamais.

The Weeknd – House of Balloons
The Weeknd est Abel Tesfaye. Un parfait inconnu… Mais le parfait inconnu de Drake. Le protégé de ce dernier, The Weeknd s’impose aujourd’hui comme l’un des nouveaux artistes les plus influents de cette année : Il contribue au mouvement post-dubstep à sa manière, en y incorporant du Rnb sensuel au limites de l’interdit et en créant une ambiance très chill et très intense. Lcassetta chronique pour vous cet album mystérieux et plein de charme(s).
Abel Tesfaye est quelqu’un de déchaîné, tout en étant quelqu’un de sensible et de profond. Son esthétique se veut très douce, suave… Il crée une ambiance qui flirte presque avec l’érotisme, tellement qu’on pourrait dire qu’il crée la soundtrack d’un film érotique qui n’existerait pas. Il parle abondamment de sexe, et de sujets assez crus dans une voix toute douce. Cherchez le paradoxe ! Drogue, soirées, amour, niggas et coït. Voilà comment on pourrait résumer ce dont il a essayé de parler dans sa mixtape. Mais pas ce qu’il a essayé de retranscrire… Il construit peu à peu un mood très doux, chill, lent… il essaye d’adapter ce qu’il ressent dans ce qu’il chante. On ressent son implication personnelle à travers la manière dont il se livre à l’auditeur : ses expériences avec la drogue, ses histoires d’amour, son charme naturel qui lui permet de se taper des dizaines de filles. Il y va fort, on peut le dire : On sent le côté personnel de sa mixtape dans chacune de ses chansons. De sa production très soignée, dans les moindres détails, aux refrains où il chante avec une intensité impressionnante, allant dans les aigus les plus sensuels que l’Homme peut entendre, il est vraiment impliqué.
Des beats très lounge, chillout, voire même trip-hop, et une dubstep douce, accompagnent sa voix qui fait mouiller les sujets de ses chansons. Une production très originale et adaptée aux sujets qu’il traite ! Du beat dubstep dans Glass Table Girls où il rappe sur son amour de la drogue à celui plus chillout et James Blake-ien de What You Need où il chante sur son amour du sexe. Même dans sa manière d’aborder les thèmes, il est différent. Il présente vraiment la débauche, la partie cachée. Aucun rappeur ne parlera d’overdose, mais plutôt de quand il est “fly”. Aucun rappeur ne rappera sur comment il ressent l’acte mais plutôt sur celle qui le “reçoit”. C’est cette dimension pleine de sentiments et de réalité qui rend l’ambiance sombre et profonde, authentique, qui permet à l’auditeur de ressentir ce que The Weeknd chante.
Ce qu’il faut ici comprendre, c’est que chaque son installe progressivement cette ambiance d’interdit. On se sent presque coupable d’écouter, c’en serait presque dérangeant dans le bon sens car oui, les thèmes peuvent être retrouvés dans un quelconque album de rap, mais ils ne sont pas représentés de la même manière. Ici, The Weeknd fait tout pour représenter ce qu’il ressent, et il est explicite… beaucoup de gémissements, de soupirs, de voix féminines ou masculines, toutes suaves, se confondent dans ses beats. Lui-même y apporte sa voix souvent… c’est tout un univers qu’il transporte ! Un univers bien à lui où il brise tous les tabous, et où il les exploite. Il pousse les thèmes sensuels classiques du Rnb à la perversion… The Weeknd est un maître de son jeu, un génie qui sait de quoi il parle, avec une liberté et une émotion énorme.
La qualité de ses paroles est évidente : Poète du corps féminin, et porte-parole du plaisir, ses vers sont plein de sens, et il a réussi l’exploit de ne pas être vulgaire en décrivant des situations que même un porno ne saurait représenter, en mélangeant des descriptions érotiques à des réflexions fines sur les sentiments et les émotions qui donnent une dimension profonde à chacune de ses chansons. On ressent cette profondeur des paroles surtout dans des sons tels que The Morning ou Wicked Games, où il parle souvent de sa douleur, en explicitant chaque sentiment. Bring your love, baby, I can bring my shame… Bring the drugs, baby, I can bring my pain…

L’intensité du chant et de la production d’Abel Tesfaye est en partie due à sa voix très suave, sensuelle, et douce. Il pourrait chanter sur de l’herpès que ça en serait beau. House Of Balloons, ou encore The Party & The After Party sont témoins de la puissance qu’il met dans son chant…

L’ambiance érotique qu’il crée se ressent surtout dans des sons où les beats sont lents, doux, et chill… Coming Down ou What You Need sont représentatifs de cette sensualité ! C’est minimaliste, sa voix est lente et pénétrante… Et si c’est pas assez explicite, le clip est là pour illustrer.

L’album renforce l’envie de l’interdit, et crée une ambiance incomparable… Une ambiance presque nocturne. On peut bien sûr comparer son style musical à celui de Frank Ocean, ou encore James Blake voire Salem. Mais aucun d’eux n’atteint ce degré d’obscurité… Ni les rimes crues de Frank Ocean, ni la lenteur des beats de James Blake, ni le côté dérangeant de Salem ne rivalisent avec ce que The Weeknd réussit à créer. C’est original, très bien produit, et c’est un album qui vaut le détour, ne serait-ce que pour l’expérience auditive du sexe musical et si vous aimez le sexe. Trust me girl, You’ll wanna be high for this.
Un bon 8.5/10 !
Cette mixtape est téléchargeable gratuitement et légalement ici !