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Aloe Blacc au Jazzablanca : fin et élégant

Le jour J était enfin arrivé ! Mon premier concert Jazzablanca de la saison. Accompagnée de mes meilleurs amis, nous avions pris place en plein air et en hauteur. Nous avions donc droit à une vue panoramique sur la scène, même que nous pouvions apercevoir derrière le décor, au loin, la mosquée Hassan II et les Twin Center. Chronique d’un concert tant attendu.

Histoire de nous mettre l’eau à la bouche, nous avons reçu en première partie un groupe de 4 personnes (Miki & Jaybo) qui, entre autres, ont accompagné Aloe Blacc durant tout le concert. Violon, alto, contrebasse puis violoncelle et le tour est joué. Il ne manquait que la star de la soirée. D’ailleurs, ce dernier ne se fit pas plus attendre, il fit son entrée sous les applaudissements d’un public chaleureux après quelques minutes.

Assis sur une chaise élevée vêtu d’un costard cravate, d’un chapeau bien évidemment et de chaussures vernies, Aloe A.K.A Nathaniel avait l’air en forme. Il présenta donc ses amis sur scène avec qui il allait exposer son projet musical qui est de revisiter des chansons cultes avec un quintet à cordes.

Il ouvra donc le bal avec Green Light, extrait de son dernier album Good Things, sorti en 2010. Souriant d’une voix soul, je me sentais déjà séduite par le rôle qu’il jouait. Après un petit speech, il enchaîna avec Miss Fortune, une performance vocale indéniablement époustouflante. Malheureusement, la sono n’était pas terrible, chose qui était prévisible, vu que le concert se déroula en plein air, je n’arrivais donc que rarement à distinguer ses mots. Mais bon passons…

Les versions de ses chansons étaient très différentes de la version originale dans l’album, mais ce n’était pas très convaincant. C’était étrange, vu que certains morceaux avaient l’air plus profonds de sens. Life So Hard se bouleversait en une sorte de triste lyrisme. Les frissons me parcouraient à l’écoute des notes vocales aiguës couronnées par les acclamations et les sifflements. Un silence religieux s’installa à la fin de la chanson et d’un coup l’ambiance battait son plein lorsqu’on a reconnu Loving You Is Killing Me, que l’auditoire fredonna avec amour. Éclairé par une lumière rouge tamisée, Aloe chantait avec punch et énergie débordante.

On imagine à quoi ressemble la musique produite par un artiste répétant les mêmes morceaux, nuit après nuit, sans interruption. Nathaniel, au contraire nous a prouvé qu’avec un changement d’instruments, il pouvait y avoir de l’innovation. Une innovation peut-être pas plus intéressante que les premières, mais enthousiasmante quand même !

If I adoucit la folle ardeur qui dominait l’atmosphère. Beaucoup d’émotions dessinaient le visage de Blacc. Des émotions que l’on devait certainement tous ressentir à ce moment-là. Les instruments sonnaient comme une note d’apaisement dans mes oreilles. Un apaisement presque palpable !

Après une gorgée d’eau, il nous dit d’un anglais parfait : « Cette chanson a été écrite pour que les politiciens nous écoutent enfin », on l’aura compris, il s’agissait de Politicians, dont les paroles étaient particulièrement touchantes.

La bonne humeur et la complicité évidente sur scène, créaient une harmonie sans précèdent. Et dans cette ambiance chargée de complicité quasi intime, Aloe Black et Mikki & Jaybo nous interprétèrent Momma Hold my Hand. Encore une fois avec abondamment d’élégance et de finesse pour nous enivrer.

Le concert s’acheva sur les remerciements de Blacc « C’est la première que nous venons au Maroc, et j’espère revenir bientôt avec mes amis ». C’est alors que le moment le plus attendu arriva, le moment de I Need a Dollar, cette chanson qui fit certainement le succès d’Aloe, et lui donna place dans la monde de la soul et du r’n’b. Le public tout entier gémissait et criait en rythme « Cause I need a dollar! Dollar is all I need, hey hey! ».

Une premiere standing ovation, avant LA chanson finale en hommage à Michael Jackson qui est Billie Jean. Une cover totalement différente de celles que l’on a écoutés auparavant. Une interprétation assez subtile et mémorable. C’est ainsi qu’on nous sortait les mouchoirs blancs sur scène, il était temps de se quitter. Le concert était déjà fini après 1h30 de musique et une seconde standing ovation.

Bilan : Un concert assez calme. Nous aurions voulu voir Aloe Blacc comme à son habitude, plus soul plus jazzy, plus spontané surtout !

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The Trio of OZ au Jazzablanca : une complicité remarquable

Une soirée deux en un. Nous avons eu droit ce soir-là à deux concerts de taille. Commençons avec The trio of OZ. Un trio connu pour détenir une perle rare : Omar el Hakim, célèbre batteur américain qui a travaillé avec les plus grands comme David Bowie, Michael Jackson, Groover Washington Jr ou encore Mick Jagger. Chronique.

Après quelques minutes d’attente, The Trio Of OZ fit enfin son apparition sur scène. Je me demandais ce qu’ils allaient nous concocter après une si longue attente. Un présentateur nous confia qu’ils allaient interpréter les chansons de leur album où ils ont remasterisé de grands tubes pop et rock en version Jazz, et ce, à leur manière.

La belle Rachel Z, originaire de New York au piano, qui est aussi la femme de Omar El Hakim. Solomon Dorsey à la contrebasse et puis Omar à la batterie.

Ils me donnaient le sourire. On sentait une telle complicité entre Omar & Rachel, ils se comprenaient du regard. Angry Chair du groupe Alice In Chains fut la première chanson, complètement revisitée. Ça sonnait bien, même qu’au final c’était meilleur que la version originale. Le groupe poursuivit avec Sour Girl de Stone Temple Pilots, débutant avec le piano, suivi par Solomon, le teneur de chandelle !  La fumée sur scène dansait avec légèreté, se mariant avec une lumière d’un bleu subaquatique.

Rachel Z commença le troisième morceau qui sonnait comme Last Tango In Parisde Gotan Project, et c’est là que j’ai reconnu, après l’union des deux autres instruments, King Of Pain de Sting & The Police. Une chanson qui a bercé une bonne partie de ma jeunesse (quoique je n’ai toujours pas 40 piges !), je ne pouvais être que ravie d’entendre une si belle reprise puis repenser à ce que cela m’évoquait. Un lointain souvenir suspendu au fil du temps.

Omar présenta son groupe avec beaucoup d’humour, critiquant presque leur allure vestimentaire avec un tantinet de finesse, bien entendu. Et puis toujours dans le rôle de musicien blagueur et taquin, il nous dit : « La chanson suivante est There is a Light, une reprise du petit groupe The Smiths ». Une reprise très remarquable avec beaucoup de synergie palpable entre les instruments. Il s’en dégageait de bonnes ondes, tellement bonnes que même les plus antipathiques d’entre nous se sont vus sourire bêtement.

Solomon avait l’air tout aussi sympathique que son ami batteur. Et sur le coup, je ne m’étais pas trompée, car après le concert, j’ai eu le privilège de lui parler pendant un bon quart d’heure avec Rachel, ils étaient extrêmement sociables et aimables. Sur scène, je revoyais Solomon caricaturant une fille fléchissant des genoux en riant avec un couple assis à mes côtés (dont la fille était bonne connaisseuse et même fan des KOL !).

La voix de Chris Martin se transforma en notes de piano. Je reconnus alors Lost de Coldplay que je n’aurai jamais cru un jour l’entendre sous cette forme-là. Ce fut ahurissant ! Le public était très réceptif et très silencieux. Assise au premier rang, je pouvais même entendre Solomon chantonner en accord avec sa contrebasse.

« Mesdames et messieurs, nous allons vous interpréter Bizarre Triangle Love, mais elle ne nous concerne pas » dit Hakim. Je ne manquais pas d’en rire ! Cette chanson fut ma préférée. Suave, ce sera celle qui m’aura le plus touché. Dorsey sortit son archet et commença à astiquer sa contrebasse.

Ce qui m’étonne chez Omar, c’est qu’on sentait qu’il connaissait sa batterie mieux que sa propre anatomie. Il avait l’air de connaître avec précision chaque centimètre carré. Dans la majorité des chansons, il commençait en allant d’une cadence puissante à super puissante, mais à aucun moment je ne me suis sentie agressée par le son.

Pendant plus de cinq minutes, il nous concocta un suprême mélange de sons de batterie fortement applaudi par le public. J’aimais la spontanéité dont ils nous firent part. Ain’t No Sunshine devint tout d’un coup une chanson plus festive, dépourvue de cette allure de chanson au fond tristounette. Ce fut alors la chanson qui clôtura le bal. Les trois se mirent au milieu de la scène et nous saluèrent une dernière fois avant de nous quitter.

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Marcus Miller au Jazzablanca : une perfection envoûtante

L’entrée de Marcus Miller sur scène fut sensationnelle et fracassante ! Standing ovation avant même le début du premier morceau. Ça débutait très fort, j’avais l’impression de recevoir une claque en plein visage. J’étais d’ores et déjà abasourdie par la dextérité du jeu de basse de Miller. Chronique.  

Le début était tellement prodigieux que j’avais déjà délaissé mon petit cahier noir où je prenais note, pour aller danser. Il était humainement et moralement impossible de prendre note avec une si bonne ambiance. Mais pour vous, j’ai écrit ce que vous avez raté.

Incroyable est le sens du rythme des musiciens. Trompette, saxophone, piano (pas de synthé, un vrai piano enfin !), guitare et bien sur la légendaire basse de Marcus. La deuxième chanson était une sorte de ritournelle jazzifiée, cette dernière ne peut être qualifiée que de fantaisiste mais aussi de prouesse très originale. La batterie résonnait avec robustesse et cet admirable bouquant était divinement attrayant et plaisant.

J’avais du mal à réaliser que devant moi se trouvait celui qui accompagna, durant toute une époque, l’un des piliers du Jazz : Sir Miles Davis. Les vrais mordus de ce genre de musique (une religion pour d’autres) devaient sûrement trouver le prix de leur ticket donné et trop peu pour une prestation si bonne. Tellement bonne qu’évaporée sur une terre nouvelle, j’avais du mal à me concentrer pour écrire sur mon cahier.

Il y avait plus de monde que durant les autres concerts. L’ambiance festive devint plus sereine après un court speech de Marcus, je cite : « Ça fait du bien d’être ici » et enchaina avec « Je vais vous interpréter de nouvelles chansons, extraites de mon nouvel album, Renaissance, qui sortira en mai prochain. J’espère que vous allez apprécier ! ».

Nous n’étions visiblement pas au bout de notre surprise. Un swing indéniable, qui aurait pu causer des arrêts cardiaques. (en même temps, vu la tranche d’âge de l’auditoire qui dépassait généralement la quarantaine, je me demande comment il n’y eut pas mort. Ce serait ironiquement une belle mort si on y pense !) L’un des morceaux fut couronné avec un solo de trompette si mirifique qu’il séduirait un satanique fan de metal aux cheveux verts.

La légende dit que Miles Davis et Chet Baker ne s’aimaient pas. Et ce soir-là, assise sur des escaliers pour être en hauteur, je savais que s’ils étaient toujours en vie,  ils seraient côte à côte et peut être même enlacés. Miller avait ce pouvoir de ressusciter les âmes de Jazzmen !

Le morceau Master Of All Trades me donna la certitude que j’assistais à l’un des concerts les plus mémorable que le Maroc aura connu. J’espère qu’entre autres, on dira : « Marcus Miller est passé par là » comme à Essaouira où l’on retrace le passage de Hendrix, même dans les endroits les plus improbables. L’interprétation de Master Of All Trades était « saucée » si j’ose dire, pas trop, juste assez pour me laisser sans voix et bouche bée sans même la capacité de lever la tête. Un frisson pas comme les autres.

Je ne saurai vous dire combien de standing ovations, de cris et d’applaudissements il y eut ce soir-là, j’avais arrêté de compter au bout du 10e. Le public était effectivement déchainé.

A ma grande surprise, j’ai reconnu la cadence de Get up Stand up de Bob Marley. Je ne suis pas très fan de reggae mais la reprise fut totalement différente de l’originale et je ne pouvais en être que ravie. On entendait l’auditoire fredonner le refrain. Et c’est ainsi que le trompettiste se remit à nous faire frissonner. C’était une belle histoire, probablement une histoire à l’eau de rose transformée en notes musicales. Une sensation de légèreté, je flottais sur un nuage en coton. Noblesse musicale que mes oreilles n’ont eu que rarement l’honneur de déguster, c’était comme ressentir le moelleux d’un fondant au chocolat fondre au palais de ma bouche. Le paradis sur terre m’offrait enfin une place.

Les noms des musiciens avaient aussi un brin de classe : Brown, Miller ou encore Hawn.

Feeling Good de Nina Simone fut la 5e ou 6e chanson, et je pouvais écrire des sons, j’aurai aimé partager avec vous cette partie de la soirée. Vous sauriez à quel point c’était euphorisant d’assister à un évènement pareil. Plus tard, après Feeling Good, place à Tutu de Miles Davis qui me fit pleurer telle une enfant. Impeccable était le mot, oui irréprochable à tous les niveaux. Qu’il s’agisse de présence sur scène ou agilité/savoir-faire des musiciens.

Marcus et sa bande ont pu faire d’une salle en plein air, un monde imaginaire. Un monde luxueux, sophistiqué où j’imaginais de belles dames se dandinant dans leur plus belle robe devant le comptoir d’un bar d’hôtel somptueux, là où les hommes aux smokings exemplaires ne jurent que par leurs cigares venus de Cuba et leur verre de whiskey.

Et une énième standing ovation avant ce que j’ai appelé « la feinte de Miller ». Il quitta la scène puis revint après quelques minutes. Il nous interpréta avec ses compatriotes 3 dernières chansons dont Blast.

Vous savez, Miles Davis a dit : « Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit de jouer les meilleures ? », et je pense que c’est l’une des choses que Marcus Miller a le plus retenu de son amitié avec Davis.

Bilan : En un seul mot : Parfait.

Bonus : Durant les répètes qui ont précédé le concert, un jeune lycéen sous le nom de Reda Ammoumi du Lycée Lyautey de Casablanca a eu l’honneur de faire une JAM session avec Marcus Miller. Je suis donc partie lui poser quelques rapides questions :

Moi : Comment as-tu rencontré Marcus Miller ?
Reda Ammoumi : Durant la séance dédicace qui eut lieu à la FNAC. On devait lui poser des questions, alors mon ami a eut le courage de lui proposer que je jam avec lui. Malheureusement, il n’y avait pas d’ampli, alors il me proposa de venir le rejoindre à ses répétitions qui allaient se dérouler le lendemain à 18h. Et voilà !

Moi : Comment ça s’est passé ?
Reda Ammoumi : C’était génial. Les artistes sont sympathiques. C’était à mes yeux meilleur que le concert en lui-même. Le guitariste a vraiment un « putain » de feeling et puis le batteur est une bête de scène. C’était vraiment l’un des plus beaux jours de ma vie, ça a duré une bonne heure et Miller m’a même dit : « Good Job! ». Du coup je suis très satisfait !

Moi : Comment trouves-tu Miller ?
Reda Ammoumi : Très sociable. Il n’a pas la grosse tête malgré son parcours. Et puis voilà, il est humble.

Si vous voulez en savoir plus sur ce jeune garçon, il s’agit du bassiste de The Funkys, un super bon groupe !